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Actualité du 06-03-2015

07 Février 2015 : Remise des écharpes aux députés juniors des Nations Unies.

Brève allocution sur la « citoyenneté mondiale » à l’occasion de la tenue de la deuxième « Session parlementaire des députés juniors des Nations Unies » au Palais des congrès , à Yaoundé

Considéré par les membres de l’Association Camerounaise pour les nations unies (ACNU) comme un des parrains, E. Njoh Mouellé a de nouveau été invité par le bureau de cette association à assister , avec prise de parole et remise des écharpes à ceux des députés juniors qui ne les avaient pas reçues lors de la session du 25 octobre 2014 , à la session du 7 février 2015 dans la Salle de la Tripartite du palais des congrès. Il y a prononcé un mot de circonstance qu’il a intitulé : QUI EST CITOYEN DU MONDE AUJOURD’HUI ?. Voici l’intégralité de cette intervention



Monsieur le Président de l’Association camerounaise pour les nations Unies

Mesdames et Messieurs les Conseillers Régionaux d’Orientation

Chers Députés Juniors des Nations Unies,

Mesdames et Messieurs les parents des députés juniors,

Mesdames et Messieurs,

J’ai l’honneur et le plaisir de m’adresser à l’Assemblée Générale de l’Association camerounaise pour les Nations Unies pour la deuxième fois en moins de six mois. Je remercie le bureau de cette association pour le statut de parrain moral et intellectuel qui m’est conféré dans les correspondances qui me sont adressées. Le mot de circonstance que j’ai apprêté pour ce jour porte sur le sujet de la citoyenneté mondiale. Ce n’est sans doute pas la préoccupation des citoyens des pays particuliers que sont les États–membres de l’ONU ; mais le sujet mérite d’être connu et débattu dans le milieu de ceux qui fréquentent les Nations Unies, intellectuellement et sur le terrain ; ce qui est le cas des députés juniors des Nations Unies, à la différence de ceux qui ne fréquentent pas les allées de la mondialité, tout en s’imaginant vivre dans un gros village planétaire. Car en effet,

Suffit-il de naviguer sur Internet, de pouvoir se rendre par avion dans un grand nombre de pays ou de vivre en temps réel, par le biais de la télévision, des événements qui se produisent à l’autre bout du monde pour se dire ‘’citoyen du monde’’ ? Certainement pas ! Il faut y regarder d’un peu plus près.

Il existe une Organisation de la citoyenneté universelle (OCU) qui a délivré ses premiers ‘’passeports de citoyenneté universelle’’ au cours d’une cérémonie très officielle le 23 mai 2013, dans le grand amphithéâtre de l’Unesco. Il s’agit d’un passeport symbolisant la volonté de mettre en pratique l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Que dit cet article 13 ? Il comporte deux petits paragraphes qui proclament ceci : « 1- Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un État. 2- Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays ». Cet article légitime le voyage, tant à l’intérieur qu’en dehors de son pays. L’état de guerre, parfois de guerre civile, a dans le passé, poussé à limiter les déplacements des populations ; des laissez-passer ont dû même quelquefois être institués pour autoriser le franchissement des limites départementales à l’intérieur d’un même pays. On ne peut pas dire que l’exigence d’obtention de visas d’entrée dans des pays qui ne sont pas les nôtres, aille à l’encontre de cet article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Le ‘’passeport de citoyenneté universelle’’ que délivre l’Organisation de la citoyenneté universelle (OCU) ne peut connaître un début de validité que s’il est reconnu par au moins deux États. Et ce n’est pas encore le cas ; en effet, si à ce jour un seul État l’a reconnu, à savoir l’Équateur, son parlement ne l’a pas encore ratifié.

En y regardant d’un peu plus près, on verrait une lourde conséquence découler de la reconnaissance de ce ‘’passeport de citoyenneté universelle’’. L’OCU est une organisation ; or, reconnaître la validité d’un passeport émis par une organisation reviendrait à transférer une parcelle de la souveraineté nationale à cette organisation. L’État concerné ne serait plus maître de ses frontières puisque des personnes qui n’y seraient pas arrivées autrement pourraient y entrer par ce biais. Car le seul fait de détenir un tel ‘’passeport de citoyenneté universelle’’ dispenserait de la demande de visa d’entrée dans les pays l’ayant validé, puisque l’esprit de la citoyenneté mondiale primerait ici sur le fait de la citoyenneté particulière et notamment nationale de tel ou tel pays ou de tel ou tel État. De la même manière que le détenteur d’un passeport national n’a pas besoin de visa pour entrer dans son pays, le détenteur du passeport de la citoyenneté mondiale n’aurait pas besoin de visa pour entrer dans son pays qui est le’’ pays- Monde’’ !

Il existe une autre organisation qui s’appelle « Citoyens du Monde », fondée à paris en 1949. Parmi ses plus illustres adhérents il y a lieu de citer quelques noms des signataires de l’Appel de 1966, connu comme l’Appel des treize ; il s’agit de Lord Boyd Orr ( Grande Bretagne), qui fut le premier directeur de la F.A.O. ( 1945-1948) et Prix Nobel de la paix en 1949 ; le professeur Alfred Kastler ( France), Prix Nobel de physique en 1966, Membre de l’Institut ( Académie des Sciences) ; Danilo Dolci, ( Italie), Pionnier du développement socio-économique de la Sicile ; Josué de Castro ( Brésil), Ex. Président du Conseil de la F.A.O., Président-Fondateur du Centre International de développement ; Ivan Supek ( Yougoslavie), Professeur de philosophie. Membre de l’Académie des Sciences et des Lettres, Président du Mouvement Pugwash yougoslave ; Lord Bertrand Russel (Grande Bretagne), Philosophe, Mathématicien, Prix Nobel de Littérature en 1949 ; Jean Rostand (France) Biologiste et écrivain. Membre de l’Institut (Académie française) ; Abbe Pierre (France) Fondateur des Communautés d’Emmaüs.

Voici le texte intégral de cet Appel des 13 :

« En l’absence d’une loi supranationale, les Etats sont obligés de compter sur la force pour défendre leurs intérêts. Conséquence : la guerre, voulue ou accidentelle, devenant depuis la désintégration de l’atome et le développement des armes bactériologiques, l’absurde ‘’solution finale’’, le génocide étendu à toute la race humaine.

« En l’absence des institutions mondiales capables d’assurer la satisfaction des besoins fondamentaux communs à tous, la personne humaine est bafouée. Tandis que d’immenses richesses sont gâchées, les deux tiers de l’humanité souffrent de la faim.

« Les progrès de la science et de la technique rendent pourtant possible l’organisation d’une communauté mondiale où régneraient la paix et l’abondance, où les libertés fondamentales seraient garanties aux individus, aux peuples, aux nations.

« Pourquoi n’en est-il pas ainsi ? Parce que les gouvernements, hypnotisés par leur devoir de faire primer les intérêts nationaux de leur pays, loin d’accepter les transformations nécessaires, entravent même l’action des institutions internationales créées pour défendre la paix universelle et servir l’homme.

« Le salut, alors, ne peut venir que du peuple du monde, des individus qui le forment, de chacun de nous.

« Le premier acte, simple mais efficace, que nous invitons chacun de vous à accomplir, comme nous l’avons fait nous-mêmes, c’est de vous enregistrer comme citoyen du monde.

« Le second pas que nous ferons ensemble, si vous êtes assez nombreux à répondre à notre appel, sera d’organiser, sur une base transnationale, l’élection de délégués chargés de défendre la cause de l’homme, d’exprimer les revendications du peuple du monde et,finalement,d’élaborer la loi du monde pacifique et civilisé. » (Paris, mars 1966)

Cette seconde organisation travaille pour la mise en place des institutions mondiales supranationales et démocratiquement contrôlées. Pour elle, et en attendant la mise en place un jour d’une organisation fédérale démocratique du monde, il s’agirait d’institutions destinées à faire en sorte que la loi mondiale et l’arbitrage se substituent au seul fonctionnement du rapport de forces entre les États. Ces institutions seraient dotées de pouvoirs réels et bien définis et qui leur permettraient de faire exécuter leurs décisions.

Il s’agirait « uniquement d’arbitrer les conflits entre les intérêts nationaux et ceux de l’humanité, de manière à conserver à chaque peuple le libre choix de son type de société, de son mode de développement et de ses valeurs culturelles ».

Il n’est pas inutile de rappeler la nature des dangers auxquels l’humanité est exposée dans son ensemble, et à partir desquels ce qui semble relever ici de l’utopie a germé dans l’esprit des promoteurs de l’organisation des ‘’Citoyens Du Monde (CDM) ; il s’agit des dangers et des problèmes qui dépassent la compétence des États singuliers et qui se posent d’emblée à l’échelle de la planète : la dissémination des armes de destruction massive (atomiques, bactériologiques et chimiques),le risque d’une erreur fatale, d’un accident ou d’un acte de folie, la misère du plus grand nombre face à l’opulence d’une minorité, les pollutions de l’atmosphère et de l’eau, l’explosion démographique, le désordre monétaire, la multiplication des violences, des guerres et des phénomènes d’effondrement des sociétés.

Un dernier point très important doit être mentionné: Ces institutions mondiales seraient contrôlées par des représentants des peuples démocratiquement élus, indépendamment de leur appartenance nationale, au cours des consultations électorales trans-nationales. Mais avant d’arriver à leur contrôle, il faut auparavant les mettre en place ; leur tracé serait largement ébauché et leur mise en place ne dépendrait plus que de la volonté commune d’un nombre suffisant d’habitants de cette planète. C’est pourquoi l’organisation des ‘’Citoyens Du Monde ‘’invite tous ceux qui partagent leur préoccupation à demander leur carte de Citoyen du Monde en se faisant enregistrer comme tel, aux fins de participer sur une base transnationale à l’élection des délégués chargés de défendre la cause de l’humanité, d’exprimer les revendications du peuple du monde et, finalement, d’élaborer la loi d’un monde pacifique et civilisé.

Ce peuple du monde, selon la conception des membres de ‘’Citoyens Du Monde’’, ne serait pas nécessairement constitué de personnes qui partageraient les mêmes convictions politiques ou philosophiques ou religieuses, ni les mêmes conceptions sur la meilleure voie qui mènerait aux institutions mondiales. Ce qu’ils ont en commun c’est le respect des convictions d’autrui et le sentiment de la solidarité qui les lie à l’ensemble des humains, se souvenant de cette affirmation d’Albert Einstein disant que « Le monde sera uni ou ne sera plus ». Ce qu’ils ont encore en commun c’est leur « mondialisme », concept inventé par eux pour qualifier « une nouvelle organisation politique de l’humanité impliquant le transfert de certaines parties de la souveraineté nationale à une Autorité fédérale mondiale capable de résoudre, par décisions majoritaires, les problèmes qui mettent en cause l’existence de l’espèce humaine, tels que la guerre, la faim, la pollution, la surpopulation et les perspectives d’une crise énergétique »

Comme on a pu s’en rendre compte, l’organisation des « Citoyens Du monde » ne demande pas la disparition des Etats. Bien au contraire, si c’est une organisation intellectuellement sans frontières, les frontières entre les Etats existent bel et bien. La Déclaration Universelle des droits de l’homme est adoptée aujourd’hui par 190 États. La citoyenneté, le civisme et la démocratie ont plusieurs niveaux d’application. C’est une des raisons qui poussent l’organisation des ‘’Citoyens Du Monde’’ à ne pas reconnaître l’Organisation de la Citoyenneté Universelle (OCU) qui tend à créer de la confusion aux frontières par la délivrance des « passeports de citoyenneté universelle ».

Tout ce qui précède concourt à orienter la vision d’avenir de l’Organisation des Nations Unies vers un plus grand accent à mettre sur l’élévation de la conscience des uns et des autres au-dessus des seuls intérêts égoïstes des nations et au profit de la sauvegarde du destin de l’humanité. Le monde dont il faut chercher à être citoyen, comme on l’est d’un Etat ou d’un pays, est certes le monde géographique, mais il est surtout le monde d’un regroupement autour des valeurs dont la défense devrait être soustraite du régime du rapport de forces.

Il est indéniable que la citoyenneté mondiale implique la possibilité de voter, l’existence d’une enceinte parlementaire légitime, l’existence d’un exécutif identifiable et l’existence d’un pouvoir judiciaire unifié. En attendant que ces quatre conditions soient remplies un jour, qui donc est citoyen du monde si ce n’est celui-là seul qui se contente d’être un adepte de cette vision philosophique et politique plaçant les intérêts de l’humain, peut-être pas au-dessus, mais dans un statut à part, et leur faisant bénéficier d’une protection confiée à une Autorité mondiale jouissant de pouvoirs réels d’action et d’arbitrage entre les intérêts des Etats et ceux de l’avenir de l’être humain ? Le citoyen du monde en pensée est celui qui prône une reforme importante de l’Organisation des Nations Unies dans le sens de lui conférer davantage d’efficacité qu’elle n’a depuis sa création. Et parmi les propositions qui sont avancées en cette direction par l’association des ‘’Citoyens Du Monde’’, il y a celle de la création d’une deuxième chambre à côté de l’Assemblée Générale des Nations Unies et qui représenterait démocratiquement les habitants du monde, avec comme objectif de faire en sorte que les textes de l’Organisation des Nations Unies deviennent de véritables et authentiques lois mondiales. Il y a là une bonne matière à réflexion pour vous, chers députés juniors de l’Association camerounaise pour les Nations Unies.

Je vous remercie de votre attention.
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Photo de famille avec les députés juniors des Nations Unies
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(C)octobre 2007 Réalisation BDSOFT