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Actualité du 06-02-2009

4 février 09, Le Salon de l’écrivain, CENTRE CULTUREL FRANCIS BEBBEY, Yaoundé, Njoh Mouelle s’adresse à la jeunesse sur le thème : « Propos sur le culte de l’effort et la voie de l’excellence »

C’est au Centre Culturel Francis Bebbey que l’association « La Ronde des poètes » a établi son siège. L’invitation à s’y rendre ce mercredi précédant celui de la fête de la jeunesse au Cameroun, le 11 février, a été adressée à M. Njoh Mouelle par l’initiateur du Salon de l’écrivain, M. Beidi. Dans la salle de réunion déjà comble à 15h au moment où le conférencier y pénètre, se mêlent diverses jeunesses, celle des classes terminales de lycées, celle des poètes en herbes, celle des jeunes enseignants de lycées, celle des diplômés de l’université à la recherche d’un emploi, etc. Comment parler de la voie de l’excellence et du culte de l’effort à des jeunes gens dont certains sont désemparés devant les difficultés rencontrées au quotidien ? Njoh Mouelle a choisi de situer son propos dans le cadre d’une société camerounaise dont l’échelle des valeurs se trouve sens dessus dessous. Il faut se battre pour se faire une petite place au soleil ; mais il faut le faire à la régulière. Le spectacle des réussites apparemment faciles que les jeunes contemplent tous les jours ne devraient pas les induire en erreur en s’imaginant que la norme des comportements obéit en tout temps à la loi de la recherche de la facilité et à l’adoption des raccourcis.

Il y en a qui disent : « à quoi ça sert de se tuer au travail quand d’autres réussissent sans effort ! ».

« A quoi ça sert, toutes ces connaissances que l’école nous fait ingurgiter, quand on voit de nombreux sans diplômes mener un grand train de vie autour de nous ? »

C’est une réflexion qu’on peut comprendre quand elle est suscitée par une sorte de dépit et par le sentiment de l’injustice observée autour de soi.

C’est une réflexion qui peut être provoquée par suite du découragement face à la difficulté rencontrée chaque jour et aux efforts parfois surhumains auxquels il faut consentir pour survivre.

Cela peut également être une réflexion venant de celui qui subit la mauvaise influence de camarades ou d’amis qui ont décroché ou sont sur le point de décrocher du système des valeurs qui leur semble trop lourd à supporter, comparé à l’apparente belle vie que semblent mener ceux qui se sont engagés sur la voie de la cigarette, du chanvre ou de l’argent facile que procurent les prostitutions de toutes sortes, masculines et féminines.

L’injustice peut avoir été subie dans une structure au sein de laquelle on a vu promouvoir un collègue moins diplômé et moins compétent que soi-même. Un collègue paresseux de surcroît mais très doué pour flatter et offrir toutes sortes de cadeaux au patron. Est-ce une raison pour abandonner la voie de l’effort ? A vouloir faire et procéder comme ce collègue, en offrant des cadeaux et en flattant toujours le patron, on se dit que c’est ce qui fait gagner une promotion et non la ponctualité au lieu de service et l’accomplissement régulier des tâches qui vous incombent.

Le découragement qui guette tout un chacun devant la difficulté endurée chaque jour pour gagner sa place au soleil peut-il, doit-il à son tour justifier l’abandon de la voie royale qui nous impose de faire face en toutes circonstances au lieu de tourner le dos et de renoncer en prenant des raccourcis sans issue, malgré les fausses apparences de réussite ? Il y en a qui ont du mal à se lever le matin. Et pourtant il faut se lever.

Il y en a qui n’arrivent pas à se défaire de leur penchant pour un verre d’alcool avant même de se rendre au lieu de service. Un lieu de service qui peut être le volant de son camion poids lourd ; un lieu de service qui peut être la salle de classe. Il y en a qui sont simplement mystifiés par l’intelligence et le brio des camarades ou des collègues qui évoluent dans leurs milieux comme s’ils étaient venus d’autres planètes. Ils se disent qu’ils n’y arriveront jamais, les autres sont trop forts ! A quoi ça sert de s’entêter à vouloir passer par la même porte ? Il vaut mieux arrêter et changer de milieu ! La marche vers la médiocrité commence ici par la détestation voire la haine des brillants sujets au profit de ceux qui vous ressemblent. Ne dit-on pas souvent que ceux qui se ressemblent s’assemblent ? On est bon et prêt à se faire absorber dans une bande qui ne tardera pas à se révéler mauvaise. On y apprend à frimer, à jouer au dur, à fumer toutes sortes de cigarettes y compris celles qui introduisent dans des univers imaginaires consacrant la fuite du réel. Tout se passe comme si la difficulté vous envoie la résoudre sur le terrain de l’imaginaire où vous vous racontez à vous-mêmes l’histoire de vos réussites imaginaires.

Mais Tirer comme conclusion, après ce constat, qu’il faut renoncer à l’effort personnel et se mettre à imiter ceux qui réussissent en utilisant des chemins de la facilité et de la tricherie serait la chose la plus lourde de conséquences dommageables ; car ces sentiers de la facilité entraînent parfois, sinon souvent, à y perdre non seulement sa dignité, mais encore sa sécurité mentale voire même physique. Songer à emprunter les sentiers de la réussite sans effort c’est se tromper sur le sens de la réussite. Il y a la pseudo réussite du médiocre et la réussite authentique du partisan du culte de l’effort personnel. Tandis que le partisan du moindre effort ne songe qu’à utiliser tous les raccourcis imaginables pour se reposer le plus tôt possible sur des résultats qu’il croit définitifs, l’homme de l’effort ne songe au repos que pour reprendre du souffle dans le cadre d’une vie quotidienne animée par une volonté créatrice permanente. Il sait qu’aucune vraie réussite n’est définitive mais doit être comprise comme une recharge d’énergie prête à alimenter de nouveaux efforts.

La réussite du médiocre repose sur des valeurs non critiquées. Ce sont des valeurs d’imitation et de grégarité. Ce sont des valeurs de reproduction de ce que l’on croit être la nature de la réussite sociale. On veut être et faire comme on le voit faire autour de soi. Et c’est d’abord et principalement la réussite dans la possession de nombreux biens matériels. D’une manière générale, la réussite obtenue ici est ce que j’appelle la réussite dans la vie tout à fait différente de ce que j’appelle la réussite de sa vie. En effet réussir dans la vie n’est pas réussir sa vie.

L’homme de l’effort sait que les solutions à ses problèmes dépendent d’abord de lui-même. L’homme de l’effort est l’homme jaloux de sa liberté. Il ne se laisse pas choisir le chemin de sa vie par d’autres, fussent-ils ses parents. Il s’efforce de se donner une vision propre et personnelle de ce qu’il veut et entend faire de sa vie. Ses projets sont ses projets ; il peut recevoir des conseils ; il est ouvert aux conseils de tout le monde, parents comme amis. Mais la décision finale est et doit être la sienne. Il revendique la responsabilité de ses mauvais tout comme de ses bons résultats. Car personne ne dit que l’homme de l’effort, l’homme sur le chemin de l’excellence, réussit du premier coup tout ce qu’il entreprend. Mais il est celui-là même qui ne redoute pas l’échec. Celui-là que l’échec ne décourage point ; celui-là même qui sait trouver dans l’échec les raisons supplémentaires pour repartir de plus belle dans l’action conquérante de soi.

Est-ce pour cela que Chamfort avait pensé et écrit que « ce n’est pas le succès qui compte, c’est l’effort » ? Cette réflexion n’est pas à prendre au pied de la lettre. Chamfort a voulu mettre l’accent sur la nécessité pour chacun de développer toutes les possibilités qu’il porte en soi, exercer sa capacité en matière de créativité, la voie royale conduisant à l’épanouissement libre de l’homme. Quand Coubertin de son côté relativisait la victoire au profit de la participation dans le domaine de l’athlétisme, il exprimait la même conception de la valorisation des possibilités d’accomplissement liées à l’effort et au travail. C’est aussi ce que nous-même nous entendons par le culte de l’excellence. Il ne peut s’agir que de relativisation car chacune de nos entreprises se donnent un objectif à atteindre. Il ne saurait par conséquent être question de se fixer un objectif qui serait l’absence d’objectif ! Comme le clamaient les étudiants révoltés de Mai 68 disant : « le combat n’a pas d’objectif, il est l’objectif ». C’est le mot d’ordre de la mobilisation permanente qui sous-tend tout culte de l’effort et par conséquent de l’excellence.

Et puis, comment oublier que réussir dans la vie n’est pas forcément réussir sa vie ? A l’heure où l’échelle des valeurs se trouve totalement inversée dans notre société aujourd’hui, cette distinction entre réussir dans la vie et réussir sa vie se donne une plus claire visibilité. Réussir dans la vie c’est avoir accompli ce qui est valorisé par le milieu dans lequel on vit. Et la loi du milieu est souvent une loi de domination. Réussir sa vie par contre c’est réaliser ce qui n’aura de valeur parfois que pour soi-même et ceux qui partagent les valeurs personnelles sous-tendant ces réalisations. C’est d’un côté, la réussite définie et applaudie par les autres et, de l’autre côté la réussite telle que définie dans ses contours par soi-même, en toute autonomie et liberté, consciente de l’inachèvement caractéristique de toute action inscrite dans la mouvance de l’excellence.

Autant la réussite de sa vie dicte à l’homme de fournir des efforts et à puiser dans ses propres ressources morales et mentales, autant la réussite dans la vie est souvent la voie conduisant à la recherche de la facilité par tous les moyens et à adopter sans critique préalable, toutes les valeurs de la médiocrité. Alors, hier comme aujourd’hui, le modelage du chef-d’œuvre de notre personnalité demande que nous ne nous laissions pas aller à emprunter les chemins de la facilité tracés par d’autres, mais qu’au contraire nous sachions en permanence nous prendre en charge nous-mêmes dans la claire vision de ce que l’excellence après laquelle nous courons et qui nous motive, qui donne un sens à notre action dans le monde, est davantage un état d’esprit qu’ une conquête définitive d’un état ou d’une situation elle-même définitive. Oui, en un sens, l’excellence dont nous parlons est ce combat qui semble n’avoir pas d’objectif parce qu’il est l’objectif. Autrement dit, le plus important consiste à se trouver engagé sur la voie de l’excellence. Autrement dit encore, l’excellence n’est pas un terminus, elle est toute entière mouvance et esprit de cette mouvance.



NJOH-MOUELLE

www.njohmouelle.org
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une vue de la salle des participants

une autre vue de la salle

De nombreux élèves étaient présents


M. Njoh Mouelle posant avec l'ensemble des participants
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