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Actualité du 15-12-2009Ebénézer Njoh Mouelle n’a pas manqué le rendez-vous du 6 décembre sur les rives du Wouri à Douala où se clôturaient les festivités du NGONDO 2009 placées cette année sous le signe de « La puissance du courage », traduction presque littérale de l’expression « Nginy’a mulema », dans laquelle nginya veut dire force et « mulema », cœur. Ici aussi, comme dans la langue française,le courage a partie liée avec le coeur Si, dans le passé la période des festivités s’inscrivait dans l’espace d’une semaine calendaire, elle s’est étalée cette année sur deux semaines. Et on a vu s’y ajouter des manifestations telles qu’une course cycliste, un semi-marathon et un « street painting ». Le programme habituel a toujours comporté des conférences-débats, des journées gastronomiques et des foires-expositions qui ont surabondé cette fois-ci. Toujours est-il que la finale de lutte traditionnelle et celle de l’élection de la Miss Ngondo, tout comme l’immersion du vase sacré et la course des pirogues du dimanche de clôture, continuent de susciter le plus grand intérêt des populations Année après année, édition après édition, on ne manque pas de remarquer des évolutions dont certaines commencent à créer quelque chose comme une dénaturation de cette célébration. Il s’agit de la place de plus en plus grande qui semble réservée à présent aux autorités administratives et aux invités d’honneur. Le Ngondo qui devait suivre son propre programme, en tenant compte de sa nature traditionnelle n’a pas hésité cette année à retarder le démarrage des cérémonies sur les berges du Wouri pour attendre l’arrivée du ministre de la culture et du gouverneur de Région. Le vase sacré qui descendait dans les profondeurs du fleuve au petit matin, se met à attendre et à attendre encore jusqu’aux environs 12 heures pour voir plonger l’officiant qui se rend à la rencontre des ancêtres ! Las d’attendre l’arrivée de ces autorités administratives, les officiants ont fait démarrer les cérémonies pour se sentir obligés de tout interrompre presque immédiatement, les sirènes annonçant l’arrivée de l’invitée d’honneur s’étant mis à retentir ! Beaucoup de gens n’ont pas du tout apprécié le fait de voir perturber de cette manière un rituel traditionnel. On aura également remarqué que les griots de certaines chefferies invitées se sont fait rappeler discrètement à l’ordre au moment où ils commençaient à souffler dans leurs trompettes et à égrener les louanges de ceux qu’ils accompagnaient et qui avaient déjà pris leurs places d’honneur. Tout cela n’est-il pas la préfiguration de ce que le Ngondo est appelé à devenir d’ici quelques années encore, c’est-à-dire une fête « laïque » camerounaise et non plus uniquement douala ? Peut-être verra-t-on alors disparaître le rituel du vase sacré et du message des ancêtres à aller recueillir dans les profondeurs des eaux du fleuve ? A moins de se dire que le nom du pays , Cameroun, ayant trouvé son origine ici-même, les ancêtres dont il est question chaque fois finissent par être considérés comme les ancêtres de tous les Camerounais ! Dernière remarque et non la moindre, dans ce même ordre d’idées : le Ngondo se fête de plus en plus loin de sa base. C’est ainsi que cette année, au mois d’Août, les Sawas qui vivent au Canada ont réussi à faire voyager vers leur pays d’accueil quelques chefs traditionnels pour une fête du Ngondo sur les rives du fleuve Saint Laurent ! De même, à Ngaoundéré, les Sawas se sont organisés pour fêter le Ngondo, tout à fait dans l’esprit de ce qu’avaient réussi avant eux les Sawas de Garoua, ou encore les Sawas de Yaoundé. Evidemment, dans ces manifestations loin des rives du fleuve Wouri à Douala, il ne saurait être question de faire une place à la cérémonie du vase sacré recueillant le message des ancêtres ! Les avis sont partagés quant à la pertinence ou la non-pertinence de cette externalisation du Ngondo. Mais, le fait est que le mouvement de transformation d’une tradition s’est mis en route ! Un mot sur la course des pirogues. Six pirogues d’envergures équivalentes ont pris le départ de la course 2009. Les Jebale ont fait enregistrer deux pirogues avec des pagayeurs tout de rouge vêtus. Le suspens créé par le fait que notre pirogue n’a pas gagné les deux dernières éditions n’a pas tenu ses promesses. Ceux qui attendaient une troisième défaite consécutive des Ewodis ont dû déchanter. La pirogue des Ewodis a repris sa place de numéro 1 en franchissant la ligne d’arrivée avec plus de 40 mètres d’avance sur l’une des pirogues des Jebalè. Ce qui a fait dire à l’annonceur des résultats de la course que les Ewodis sont « les brésiliens de l’eau » ! Images La cérémonie va commencer: l'arrivée du Président en exercice du Ngondo, le Prince Réné Douala Bell La pirogue sacrée: le vase sacré est remonté des profondeurs de l'eau sur la pirogue Présentation du contenu du vase sacré à tous les chefs traditionnels par le Secrétaire Général du Ngondo Le vice -Président Din DIKA AKWA, communique le message des ancêtres à l'assistance l'invitée d'honneur, AMA TUTU MUNA, Ministre de la Culture, pose avec les chefs traditionnels une vu de la tribune : à drote de Njoh Mouelle M. ETEKI Mboumoua La pirogue Njo'a Bôlo alias Nkam-Nkam a encore remporter la course. L'arrivée jugée au niveau du pont, la pirogue gagnante revient devant les tribunes C'est la fin de la cérémonie: difficile de quitter les lieux quand des supporters demandent qu'on arrose la victoire.1
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