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Actualité du 09-08-2011

UN LIVRE DIALOGUE

DE Ebénézer NJOH MOUELLE et Thierry MICHALON, VIENT DE PARAÎTRE AUX ÉDITIONS IFRIKIYA A YAOUNDÉ EN MÊME TEMPS QU’AUX ÉDITIONS CERAP A ABIDJAN: L’Etat et les clivages ethniques en Afrique (Propos et dialogues échangés sur Internet en 2010)

L'ETAT ET LES CLIVAGES ETHNIQUES EN AFRIQUE est issu d’un dialogue entre deux universitaires, le juriste français Thierry Michalon et le philosophe camerounais Ebénézer Njoh Mouelle. Le titre pose d’emblée une problématique que l’on s’efforce généralement de passer sous silence en Afrique : dans quelle mesure les clivages ethniques sont-ils compatibles avec la naissance de véritables Etats ? Les deux auteurs divergent quant aux solutions à emprunter. Pour le juriste, l’échec des tentatives faites depuis un demi-siècle pour amener l’Etat à prendre le dessus sur les clivages ethniques doit être enfin reconnu, et l’issue ne peut être que la reconnaissance de ces clivages par les institutions afin de les y intégrer de manière ouverte. Le philosophe camerounais n’est pas de cet avis et considère que la construction des Etats-nations devrait se poursuivre car toute institutionnalisation des ethnies retarderait la pleine expression de la conscience citoyenne tout en pérennisant les particularités ethniques.

De nombreux autres thèmes sont discutés tels que le thème du ralentissement, voire du blocage qu’impose la culture traditionnelle africaine au développement du continent. Sur ce point, les deux intellectuels se rejoignent pour affirmer la réalité du rôle négatif que jouent les cultures ethniques face à la rationalisation des comportements qu’exige la logique du développement, même si pour Njoh Mouelle cet état des choses est appelé à évoluer dans le bon sens.

Mais précisément, sur quoi se fonde cet espoir d’évolution positive de la situation ? Njoh Mouelle et Thierry Michalon sont d’accord pour affirmer le rôle positif que jouerait l’industrialisation massive de l’Afrique. Thierry Michalon souligne le rôle déterminant qu’a historiquement joué l’industrialisation – elle-même adossée aux découvertes scientifiques et au culte de la raison et de la rationalité technoscientifique – sur l’évolution des structures sociales en Europe. Rebondissant sur cette indication, le philosophe et homme politique Njoh Mouelle relève l’attitude ambiguë des grandes puissances qui n’ont souvent encouragé que du bout des lèvres l’industrialisation des pays africains et y ont parfois fait obstacle. Thierry Michalon conteste cette vision des choses et continue de souligner la responsabilité des Africains eux-mêmes, porteurs qu’ils sont de visions de monde handicapantes.

Le débat s’anime quand le philosophe camerounais renvoie son collègue français à la lecture des écrits de l’ancien vice-président de la Banque mondiale et ancien conseiller du Président Clinton des Etats-Unis, le Prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz. En effet, celui-ci n’a-t-il pas démissionné de la Banque Mondiale pour ne pas avoir à s’associer plus longtemps à une politique d’appauvrissement des pays en voie de développement en lieu et place d’une politique d’enrichissement de ces mêmes pays ? Pour Thierry Michalon, il appartient en premier lieu aux peuples d’Afrique de faire un travail sur eux-mêmes pour y construire des Etats crédibles et dotés d’institutions légitimes.

Cette discussion se poursuit sur de nombreux autres thèmes, le tout réparti en douze chapitres, des thèmes tels que ceux de l’importance comparée de la présence d’ « hommes forts » et d’institutions fortes, les dérives du présidentialisme, non seulement en Afrique mais également en France, car Thierry Michalon pense qu’il faudrait renoncer à faire élire le président de la république au suffrage universel. Ce mode de désignation du chef de l’Etat serait, pense-t-il, largement responsable des dérives en autocratie et en pouvoir personnel.

Et puis, que dire de l’insistance mise sur la « démocratie » aujourd’hui en Afrique, au détriment des valeurs républicaines ! Celles-ci, représentées par le respect du bien commun - la « res publica » - le sens de l’intérêt général et l’égale application de la loi à tous les citoyens, sont reléguées au second plan par rapport aux procédures de désignation par élection des responsables politiques ! Sur ce point, les deux universitaires partagent le même avis.

Le lecteur découvrira de nombreux autres thèmes évoqués et débattus par ces deux intellectuels, en toute courtoisie, respectueux l’un de l’autre, et ne se privant pas de faire preuve d’audace, d’humilité et d’imagination tout à la fois. /

Le livre est déjà disponible dans quelques librairies à Yaoundé (Peuples noirs, CLE – Equinoxe..) et Douala (Matila, le kiosque de l’aéroport, Messapresse.)
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(C)octobre 2007 Réalisation BDSOFT