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Actualité du 07-04-2012

Le 5 Avril 2012, à L’Institut Français de Yaoundé, NJOH MOUELLE a été l’invité de l’ACDIS

(Association pour la Conservation et la Diffusion du savoir) pour un entretien sur ses écrits et sur la nécessité de promouvoir le goût de la lecture

C’était surtout une occasion crée pour le lancement de l’ACDIS auprès de la jeunesse scolaire et universitaire qui, par ailleurs, manifeste toujours sa grande envie d’entrer en contact avec le philosophe. Les 300 places de la grande salle de conférences de l’Institut Français de Yaoundé (ancien Centre Culturel Français) étaient entièrement occupées pendant toute la rencontre qui a déroulé son programme plus de quatre heures d’horloge durant, soit de 14h45 à 18h30.

Tout a débuté par le mot de bienvenue du président de l’ACDIS, suivi de la lecture du « Manifeste » de l’association. La suite a consisté en la première illustration du concept « J’AI LU…ET J’EN PARLE », à travers la présentation d’exposés sur trois œuvres du philosophe par des lecteurs choisis parmi les membres de l’association. Il s’est agi de Considérations actuelles sur l’Afrique , lu, présenté et commenté par Daniel Mballa, de Jalons II (L’Africanisme aujourd’hui), lu, présenté et commenté par Paul Yvon, Bibidja et de Développer la richesse humaine , lu, présenté et commenté par Félix Tatla Mbetbo, le président de l’ACDIS. L’auteur étant présent et ayant écouté chaque exposé, ne pouvait pas ne pas intervenir pour clarifier, préciser, voire rectifier telle ou telle interprétation qui méritait de l’être.

La parole devait revenir ensuite à Njoh Mouelle pour présenter lui-même son œuvre inscrite au programme de philosophie des classes de terminale. Une intervention impatiemment attendue par les lycéens qui avaient fait le déplacement. Après avoir répondu aux nombreuses questions qui avaient été suscitées par son exposé ainsi que par l’ensemble des présentations de ses écrits par les panélistes déjà mentionnés, le philosophe a procédé à la dédicace des divers titres acquis par les participants.

Mais l’ACDIS avait réservé une petite surprise à l’assistance : la projection sur grand écran d’un DVD contenant le message enregistré dans le bureau- bibliothèque de Njoh Mouelle et adressé à la jeunesse rassemblée dans l’ACDIS. On peut lire ci-dessous le texte de ce message :



« Ils sont à féliciter, tous ces jeunes gens et jeunes filles rassemblés et réunis autour du projet dénommé ‘’Association pour la Conservation et la Diffusion du Savoir’’, en abrégé ACDIS. Ils sont à féliciter et à encourager en second lieu pour le choix qu’ils ont fait de placer au centre de leur action, l’intérêt pour la lecture et par conséquent pour le livre.

Tout le monde le dit et le répète, les Camerounais ne lisent pas ou lisent peu, voire même lisent mal. C’est que toute lecture demande qu’on lui consacre le temps nécessaire : le temps de parcourir un roman, du début à la fin, en pénétrant dans l’univers créé par l’auteur, le temps d’étudier un essai en prenant des notes, crayon en main, le temps de lire un poème, en essayant de se laisser entraîner par son rythme et les sonorités musicales des mots utilisés. Au lieu de cela on a souvent affaire à des lecteurs qui croient avoir lu un essai en s’arrêtant à son titre : beaucoup ont ainsi cru avoir lu De la médiocrité à l’excellence de cette manière, laissant passer complètement sous silence le sous-titre faisant état d’un « Essai sur la signification humaine du développement ». Ils sont nombreux à s’agglutiner devant les kiosques, qui ne parcourent que la titraille souvent à sensation affichée par la UNE des journaux ; ils s’en vont racontant ce que tel ou tel journal a publié, oubliant que très souvent les textes des articles à sensation ne disent pas ce que les titres à la UNE affirment ou suggèrent.

De nouveau, tout le monde se dit et se le répète, une forte menace pèse sur le livre, une menace qui viendrait du multimédia : la télévision, l’Internet, le portable. Avec la télévision, c’est la facilitation du retour à une culture de l’oralité, une tradition africaine que les impératifs du progrès invitent à dépasser au sens hégélien du terme, à savoir un dépassement qui suppose une relative conservation de ce qui est à dépasser. Avec l’Internet et le portable, c’est plus que jamais le pragmatique et l’utilitaire qui sont recherchés, au détriment de l’enrichissement culturel. Les messages électroniques sur ordinateur ou les SMS sur portable sont des textes schématiques et brefs qui s’échangent. Que lit-on dans ce cadre-là et qu’est-on amené à écrire, surtout entre jeunes ? Ce sont des billets doux, des réactions, des points de vues rapides fort éloignés de la bonne vieille pratique de la lecture destinée à enrichir la culture individuelle des gens.

Je ne crois cependant pas que le multimédia fera disparaître l’intérêt pour le livre. C’est pourquoi l’initiative de l’Association pour la Conservation et la Diffusion du Savoir présente un grand intérêt. C’est une initiative dirigée vers la cible idoine, à savoir la jeunesse, cette tranche de la population par laquelle sont véhiculées les valeurs et les visons de monde d’aujourd’hui et de demain.

En m’associant à tout projet visant à consolider l’intérêt pour le livre et pour la lecture, je suis conscient de ce qu’il s’agit d’une action qui sollicite la libre adhésion de chacun .en créant des conditions qui donnent envie de lire car, comme le dit un proverbe dogon, « l’abeille qu’on met de force dans une ruche ne fera pas de miel ». De même, ai-je envie de parodier, le jeune qu’on met de force dans une bibliothèque n’ouvrira pas un livre .C’est la voie de la liberté que choisit l’ACDIS à travers l’une de ses stratégies d’intervention, l’un de ses concepts intitulé « J’AI LU…ET J’EN PARLE » ; un concept consistant en l’organisation mensuelle d’une table ronde au cours de laquelle des membres de l’association auront à présenter des résumés de livres qu’ils auront lus. Des débats s’ensuivront qui devront permettre aux participants d’augmenter leurs connaissances. Au fil du temps, ceux qui n’auront jamais rien lu se rendront compte pendant les débats qu’ils font du sur-place pendant que les autres progressent en réussissant une plus grande ouverture de leur conscience.

Je vais terminer par là où j’ai commencé : Je salue de nouveau l’initiative de tous ces jeunes ayant adhéré à l’Association pour la Conservation et la Diffusion du Savoir. C’est la voie de la créativité, la voie de l’expression d’un sens de responsabilité brisant le carcan des égoïsmes ravageurs des temps présents ; c’est la voie de l’excellence. André Gide disait à son élève Nathanaël, dans Les nourritures terrestres « Si j’apprête ton lit, tu n’auras pas sommeil pour y dormir ; si je prépare ton repas, tu n’auras pas faim pour le manger » ; autrement dit, fais –le toi-même, prends ton destin en main

L’avenir vous appartient, jeunes gens dynamiques sachant prendre des initiatives de véritables leaders de demain que je vous souhaite d’être. Vous avez compris que vous avez à participer à la construction de la société camerounaise de demain, en sortant de vos « egos » pour vous préoccuper des autres dans le cadre du « vivre ensemble ».

ALORS, BON VENT A L’ACDIS !
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(C)octobre 2007 Réalisation BDSOFT