DEVELOPPER
LA RICHESSE HUMAINE
Par E. NJOH-MOUELLE,
Ed. CLE 1980 Yaoundé,
71 pages
Dans cet essai, Njoh-Mouelle entend compléter l'essai sur la
signification humaine du développement paru en 1970 et plus connu
sous le titre : "De la médiocrité à l'excellence".
Il reprend l'examen de la finalité du développement par
le biais des deux concepts- clefs d'être et d'avoir. L'essai comporte
quatre chapitres dont les deux premiers, à savoir : " la
finalisation de l'avoir " et " l'aspiration à être " prennent
d'entrée de jeu le taureau par les cornes. Se donner comme finalité l'accumulation
de l'avoir conduit à une impasse quoi qu'on dise. Avec le culte
de l'avoir l'homme demeure à la surface des choses, superficiel
lui-même, victime des mirages jusqu'au point de s'imaginer qu'il
peut traiter femme et enfants comme des biens personnels. Jusque dans
l'amour l'homme de l'avoir veut se comporter comme propriétaire
de l'être aimé. L'impasse dans cette logique de l'avoir éclate
en plein jour dans les situations où l'homme met fin à ses
jours parce qu'il a perdu un bien ou un amour, achevant par là d'assimiler
son être à son avoir. Mais qu'est-ce que l'être ?
Njoh-Mouelle s'est rendu compte que si l'avoir est facilement connu et
reconnaissable, il n'en allait pas de même de l'être. En
s'attachant à illustrer cette notion, il entendait aussi compléter
ce qui a été dit sur l'excellence de l'homme supérieur
dans son premier essai. Dans une approche concrète et phénoménologique,
le philosophe montre comment on peut partir de la pellicule des situations(
admiration des enfants pour certains métiers : hôtesse de
l'air, pilote de ligne, artistes du show-business) pour découvrir
plus tard la vraie réalité des choses derrière le
clinquant et le tape-à-l'œil. Sur quoi place-t-il donc l'être
de l'homme ? Encore une fois sur l'aptitude à créer et à se
créer sans cesse. Il y a ici un approfondissement de la compréhension
de l'excellence : " Si donc l'être ne se situe pas au départ
comme une donnée naturelle, il ne peut s'atteindre que par conquête
et à travers le faire ou le créer "(p.39). Mais le " faire " ou
le " créer " tout seul ne suffit pas à caractériser
l'être véritable auquel aspire l'homme. " Il faut qu'à ce
faire soit associé autre chose qui permette notamment de discerner
celle des œuvres susceptibles de recevoir l'approbation de la raison
universelle. Ce quelque chose nous paraît être la valeur "(p.40).
Bien évidemment, le philosophe ne manque pas l'occasion d'établir
la différence entre les valeurs relatives et subjectives et la
valeur universelle qui, seule, guide à accomplir " des actions
et des œuvres qui servent, non uniquement notre petite personne,
mais également d'autres hommes ".(p.41) Dans cet essai qui
est un concentré d'analyses aussi éclairantes qu'intéressantes,
l'auteur revient, à travers les chapitres 3 et 4 ( " Bonheur
et développement individuels " et " Par-delà le
besoin de sécurité : le risque de créer) sur la
question du bonheur et de la liberté créatrice.
En réalité, les essais de Njoh-Mouelle : De la médiocrité à l'excellence
et Développer la richesse humaine devraient toujours être
associés pour être étudiés ensemble./.
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