Visiteurs:116074883
En ligne:00071
Accueil   L'homme politique  
menu philo
Ecrits portant sur les oeuvres de Njoh Mouelle

Publications

LA RIGUEUR  EN THEORIE ET EN PRATIQUE

(Article paru dans un numéro spécial du Quotidien   Cameroon Tribune baptisé « De nouvelles espérances » et daté du Dimanche 6 novembre 1983, à l’occasion de l’An I de l’accession au pouvoir du Président Paul Biya)

            Pour que la rigueur ne soit pas réduite à un simple mot que chacun glisse dans son discours officiel pour rassurer et faire bien, pour que la rigueur prônée par le Président Biya dès son accession au pouvoir le 6 novembre 1982 soit une réalité à vivre concrètement tous les jours, la nécessité s’impose de lui donner une compréhension suffisamment claire et étendue.
            Il est plus ou moins facile pour tout le monde de concevoir la rigueur des mathématiques à travers leur précision, la logique fort contraignante de leurs chaînes de raisonnements et la nature ferme et stable de leurs objets. Mais il n’en va plus de même lorsqu’il s’agit de percevoir la rigueur dans nos comportements de chaque jour. Tandis qu’une panique permanente règnerait sur nos marchés, dans nos porte-feuilles et dans les banques si les chiffres devaient varier de valeur à tout instant, onze signifiant tantôt treize, tantôt neuf, on trouve tout à fait naturel (et s’en accommode même) de voir des amis d’hier devenir des ennemis d’aujourd’hui, la parole donnée hier devenir parole retirée aujourd’hui, une disposition règlementaire se faire respecter hier et se voir bafouée aujourd’hui.

            Une des caractéristiques de la rigueur se présente ainsi d’elle-même sous les traits de la conformité de chaque chose à sa nature, de la fidélité et du sens de l’engagement. Certes, ce n’est plus que de bien loin, que cela fait penser à l’idée d’inflexibilité et de la rigidité qu’on trouve dans la signification du mot latin rigor. Mais dans nos affaires privées ou dans nos relations sociales et publiques, il nous est indispensable de savoir à quoi nous en tenir avec les autres et réciproquement. Aucune action, aucun projet, individuel ou collectif, ne sauraient se réaliser si nous n’étions pas assurés de retrouver nos partenaires demain sur les positions arrêtées hier. Il n’y a aucune rigueur à changer d’avis sans cesse. Il faut savoir prendre son parti et y demeurer attaché car la vie de tous les jours exige de nous un engagement de chaque instant. Le délai d’exécution d’un marché conclu avec des tiers veut que nous le respections strictement. Et comment se fait-il que, souvent, six mois deviennent douze mois ? Nous aimons prendre des libertés avec le temps en Afrique noire, continent où la devise anglaise  time is money n’est citée qu’avec le sourire en coin et pour les besoins de la culture verbale. Ne répète-t-on pas à satiété que l’Africain n’a pas la notion du temps ou plutôt qu’il en possède une toute spéciale ? Nous nous en accommodons d’autant plus aisément que cela nous procure un prétexte facile pour arriver en retard à nos rendez-vous, faire débuter nos réunions avec parfois une heure de retard, arriver sur les lieux de travail quand nos collègues se préparent à le quitter ! Bref, nous réussissons à transformer  la nature réelle des choses : 8h deviennent 11h, six mois pour achever un travail deviennent un an. A l’inflexibilité et à la fidélité vis-à-vis de la nature réelle des choses sont ainsi substituées dans les faits, la plasticité, l’élasticité et l’infidélité. Parler d’inflexibilité ou d’élasticité c’est utiliser un langage physique qui pourrait voiler le fait qu’il s’agit plus exactement de précision, d’exactitude, de correction, de discipline et même d’ordre ; le contraire de tout cela s’appelant l’à-peu-près, l’imprécision, l’incorrection, l’indiscipline, le dilettantisme et le désordre. Il s’agit de souligner ici  la nécessité du respect de  la nature réelle des choses au lieu de vouloir chaque fois tout adapter à notre convenance, à la manière du chrétien qui cherche à interpréter  les commandements de Dieu de façon à les adapter à ses faiblesses et à les rendre « humains, trop humains », faussant ainsi le sens de ses engagements fondamentaux. Il s’agit de dire que le règlement c’est le règlement et qu’il faut le suivre ou le faire suivre tel qu’il est  et non chercher à le contourner systématiquement. Il s’agit enfin d’affirmer que l’homme de la rigueur est celui-là qui sait honorer ses engagements et fuir tout dilettantisme.

ORDRE ET DISCIPLINE
            Peut-on nous objecter que les affaires humaines n’ont rien à voir avec les réalités mathématiques dont la rigidité et l’inflexibilité ignorent tout de la liberté et des particularités qui distinguent les hommes ? Nous ferions simplement observer que la véritable liberté, au niveau individuel comme au niveau de la communauté, est celle qui parvient à s’imposer une loi et à s’y tenir. Car ce n’est certainement pas au nom de la liberté des individus qu’on cherchera à corrompre le douanier ou l’inspecteur des impôts, ou qu’on abandonnera les chantiers commencés. Ce n’est certainement pas au nom de la liberté qu’on abusera de sa position de patron dans une administration pour licencier des travailleurs dans l’unique but inavoué de les faire remplacer par des frères ou des cousins de village. Ce n’est encore moins pas au nom de la liberté qu’on empruntera de l’argent à une banque avec l’arrière-pensée de ne pas le rembourser. De tels comportements auraient plutôt pour conséquence immédiate de créer du désordre et de l’injustice dans la cité. Les réalités humaines ont beau ne pas être des réalités mathématiques, il n’empêche que celles-ci pourraient enseigner à celles-là le sens de l’ordre et de la discipline à partir du souci qu’elles ont de respecter les essences des choses. C’est une expression fondamentale de la rigueur. Dans le cadre du fonctionnement normal de la vie communautaire, il importe que chacun sache quels sont ses droits et ses devoirs, autrement dit qu’il connaisse les institutions et participe à leur fonctionnement harmonieux au lieu de créer des empêchements à ce fonctionnement. Cela ne veut point dire qu’aucune place n’est laissée ici à l’amélioration de l’ordre existant. L’ordre et la discipline dont nous parlons s’entendent pendant des phases de fonctionnement normal d’un système, étant entendu par ailleurs que les progrès ne sont dus qu’à des phases révolutionnaires jalonnant nécessairement l’histoire des communautés humaines.
            Dans la phase historique que traverse notre société et qui est caractérisée par la lutte pour sortir nos populations du sous-développement, l’ordre est une nécessité impérieuse. Il prend même la forme d’une exigence de stabilité et de paix. Comment promouvoir l’éducation de tous, si la paix ne devait pas régner ? Comment tirer le maximum de profit des richesses potentielles de notre pays si nos institutions devaient sans cesse être remises en cause ou si des individus assoiffés de pouvoir personnel et mus par des instincts egoïstes devaient sans cesse menacer de perturber la paix intérieure et détourner l’énergie et l’attention de tous vers des batailles futiles et fondamentalement retardatrices ? A chaque étape de l’histoire d’une société, nous dirions même à chaque moment de cette histoire, il existe un pacte social, c’est-à-dire un consensus général auquel il faut s’en tenir si on ne veut pas voir paralyser la vie de la nation. Ce consensus général représente bel et bien l’ordre social, politique, économique et culturel du moment, qui peut être présenté comme la loi que chaque citoyen s’est donnée, ne serait-ce que provisoirement, pour permettre le fonctionnement de la communauté. Le fait que ce consensus général fasse l’objet de révision progressive n’entraîne pas nécessairement le désordre puisque les structures dans lesquelles s’élabore la révision du consensus peuvent faire elles-mêmes partie de l’ordre existant.
            L’on pourrait penser que la nécessité d’ordre évoquée ici concerne uniquement la société globale, l’Etat, la Nation. Ce serait une erreur. Au niveau de l’individu cette exigence apparaît avec la même force : l’ordre dans nos pensées, l’ordre dans nos projets et nos affaires privées. Imagine-t-on un succès quelconque là où les priorités ne sont pas clairement établies et où, comme chez le tout petit enfant, on veut, ici et maintenant, à la fois la banane et la mangue, une villa neuve et un car de transport alors qu’un choix s’impose ? L’ordre dans les affaires privées individuelles peut prendre la forme d’un programme correctement pensé qui acquiert la valeur d’une loi que nous nous donnons et qu’il faut tâcher de respecter, tout comme au niveau de la société globale il importe de respecter le consensus général.

REALISME, EFFORT, PERSEVERANCE
            Dans l’établissement des programmes individuels tout comme dans la définition du consensus général, savoir être réaliste est une manière d’être rigoureux. On ne se fixe pas des objectifs qu’on ne peut manifestement pas atteindre compte tenu des moyens dont on dispose.. Il arrive que des Etats tout comme des individus adoptent des politiques de grandeur les obligeant à vivre au-dessus de leurs moyens, choisissant ainsi de « paraître » plutôt que d’être réellement ce qu’ils aspirent à être. C’est une voie qui généralement conduit à une impasse ; car on est obligé d’aller chercher les moyens dont on ne dispose pas soi-même chez les autres, en s’endettant frénétiquement jusqu’à ruiner son fonds de solvabilité pour ensuite se voir plus ou moins contraint, quand on est une personne privée, à distribuer des chèques sans provision ça et là. Au bout du compte, c’est la catastrophe, mais une catastrophe qui était évitable. L’absence de rigueur, c’est-à-dire de réalisme, de respect strict de notre vraie réalité, le refus de tenir compte des moyens à notre disposition conduit à des difficultés qui ont pour noms la faillite et l’état de cessation de paiements.
            Si le gouvernement de M. Paul Biya a opté dès le début pour le réalisme et la volonté de demeurer à tout moment maître de son jeu au lieu de se laisser aller  à la facilité et à la séduction de l’engrenage du paraître et du tape-à-l’œil, il importe cependant d’en prévenir les jeunes entrepreneurs et hommes d’affaires de notre pays qui, par absence de réalisme, , veulent souvent jouer tout de suite les personnages importants qui roulent dans de grosses voitures, fument de gros cigares et offrent réception sur réception alors qu’ils n’en sont qu’au lancement de leurs affaires. Qui ne se souvient avoir fait la connaissance d’un homme d’affaires distribuant ses cartes de visite à tour de bras, arrosant coup sur coup pendant la même année la mise en circulation de plusieurs véhicules dont certains pour l’unique prestige et qui, quelques mois après disparaissait de la circulation, abandonnant des marchés en cours d’exécution et après avoir signé maints chèques sans provision ?
            Non, il nous faut apprendre le sens de l’effort persévérant, seul garant des succès durables. Chacun se souvient certainement de la réponse de certains de nos compatriotes ayant réussi dans tel ou tel domaine, quand il leur est demandé de révéler le secret de leur réussite : le travail et encore le travail, répondent Manu Dibango, Francis Bebbey, Yannick Noah, etc. Mais allez dans nos salles de spectacles un soir, à Yaoundé, assister à une représentation théâtrale : quelle médiocrité ! Chaque metteur en scène n’a qu’une hâte : porter devant le public les premiers balbutiements de sa troupe pour extorquer indûment au public des sommes d’argent sans rapport aucun avec le travail présenté. La rigueur suppose la sévérité de jugement vis-à-vis de soi-même d’abord et des autres ensuite. Une œuvre inachevée, un travail imparfaits doivent être perçus comme tels par le créateur ou le travailleur lui-même à qui il ne sera que difficilement pardonné d’oser tromper les autres en attendant d’eux des jugements de complaisance et des applaudissements contrariés. C’est l’occasion de rappeler Boileau  à la conscience de tous : «  Mille fois sur le métier remettez votre ouvrage, polissez-le et le repolissez sans cesse… ».La rigueur suppose en effet la persévérance qui elle-même suppose la patience. Sans persévérance dans l’effort on n’aboutit qu’à des résultats médiocres et éphémères.
            L’impatience est un fort dangereux défaut ; elle peut nous pousser des plus irrattrapables bêtises. L’impatience de gagner beaucoup d’argent qui ravage notre jeunesse d’aujourd’hui, (instruite d’ailleurs en cela par les aînés), conduit à détourner les fonds, voire même à scarifier des vies humaines tout comme l’impatience de remplacer leur patron, précipite bien des gens dans des pratiques des plus irrationnelles telle que la sorcellerie. Vouloir arriver par tous les moyens sauf par le travail et l’effort personnel, c’est cela aussi qui est condamné par une doctrine de la rigueur bien comprise.

RATIONALITE, HONNETETE
            Le dénominateur commun de tout ce qui précède se trouve résumé dans la rationalité et la rationalisation des comportements. Le non-respect de la nature réelle des choses n’est pas rationnel. En effet, quiconque prétend ignorer la loi de la pesanteur en s’aventurant tout seul dans le vide au-delà de sa fenêtre ouverte au 5è étage se casse la jambe ou se tue. C’est le même mécanisme  qui conduit à la perte de celui qui ne tient jamais sa promesse et qui se comporte à l’égard de la parole donnée comme si elle n’était pas la parole donnée. Au cœur de la raison et de toute rationalité se trouve le principe d’identité qui veut qu’une chose ne puisse pas être en même temps et sous le même rapport, elle-même et autre chose, ni même tantôt elle-même tantôt le contraire d’elle-même. La raison exige l’ordre ; et c’est déjà de l’ordre que de faire en sorte que chaque chose soit elle-même, identifiable aujourd’hui et les jours suivants. Car si les réalités devaient changer de nature sans cesse, chacun imagine aisément le beau désordre que cela entraînerait et la paralysie qui s’ensuivrait sur le plan de l’action. Il n’y a pas que le mensonge et le manquement à la parole donnée qui soient visés ici, il y a aussi le « donquichottisme » qui soit à prévenir, lui qui est une manière plus ou moins pathologique de transformer la réalité dans l’imaginaire et l’irréel et de vouloir ajuster son comportement non à la vraie réalité mais à l’imaginaire.
            L’ordre social et la discipline que nous avons évoqués sont également une exigence de la raison. Il est à la société ce que l’ensemble des lois physiques est à la nature. Supprimez cette exigence d’ordre et c’est immédiatement l’anarchie et la mort c’est-à-dire la disparition de la communauté concernée en qu’entité réelle. Mais peut-être la manifestation la plus palpable de la raison se voit-elle dans l’aptitude à juger et à mettre de l’ordre dans ses idées et ses affaires. Et, au fond, le rôle de l’éducation dans la cité est d’apprendre aux citoyens à juger par eux-mêmes et à se soustraire aux forces aveugles et irrationnelles de la nature. Juger par soi-même, c’est aussi affirmer qu’on reste bel et bien le responsable et le maître plus ou moins éclairé de son destin. Mais est-on réellement le maître de son destin, c’est-à-dire un homme libre, lorsqu’on refuse l’effort personnel en confiant aux sorciers et aux marabouts le soin d’assurer votre succès par des voies plutôt irrationnelles ? Peu importe ici, la question de savoir si la sorcellerie est crédible ou non ; ce sur quoi nous attirons l’attention c’est l’esprit superstitieux qui se révèle être plus exactement un esprit de recherche de la facilité. On se croise les bras tandis qu’une potion magique travaille pour vous aux fins de faire marcher vos affaires en vous découvrant tous les jours de nouveaux clients ou encore, si vous êtes dans ne hiérarchie administrative, aux fins de vous faire gagner des promotions même si, en votre âme et conscience, vous savez pertinemment ne pas mériter la promotion et la place convoitées. C’est ainsi que le problème moral se trouve être au centre de la doctrine de la rigueur. Vouloir ce qui ne vous revient pas, tromper, trahir, récolter là où on n’a pas semé, sont des comportements qui défient la raison. L’honnêteté commande que chacun respecte la liberté et la dignité de l’autre et qu’on n’exploite pas ses semblables, mais qu’on consente à fournir des efforts dans le cadre de la vie sociale commune, même si le bénéfice n’en revient pas au premier chef à soi-même.
Le mot d’ordre de rigueur  et l’objectif de moralisation de la société camerounaise lancés par le président Biya sont donc très étroitement liés.

CONTRE LE LAXISME, L’A-PEU-PRES, LE DESORDRE
            Il n’est pas possible d’éviter  le problème moral à partir du moment où on vit en société. La moralité élémentaire se présente comme la définition d’un modus vivendi que nous avons déjà appelé ci-dessus consensus général et sur la base duquel une cohabitation dans la sécurité réciproque des individus est garantie. Il n’est pas possible, en second lieu, de transiger avec les infractions à ce modus vivendi. Transiger pourrait ressembler à du laxisme ; les infractions des uns sont tolérées, on ferme l’œil sur les manquements des autres ! La rigueur prônée par le Président Biya demande par conséquent à tous les responsables, quel que soit le niveau qu’ils occupent dans la hiérarchie de prendre les mesures qui s’imposent chaque fois que le règlement est piétiné. Il est évident que si les retards au lieu du travail ne sont pas sanctionnés, si les mise-à-pied qui doivent être données sont toujours déchirées par volonté de protéger les siens, les contrebandiers ne sont pas arrêtés et soumis au traitement prévu par la réglementation, bref, si aucune réglementation ne se fait respecter par suite d’une sorte de répugnance à sanctionner les contrevenants, il s’instaure un régime de laxisme tel que le désordre et l’anarchie menacent de dissoudre l’Etat lui-même. On comprend par conséquent que le Président Biya ait déjà à diverses reprises annoncé sa détermination à faire en sorte que toutes les infractions notoires à nos lois et règlements soient poursuivies et sanctionnées avec la dernière énergie.
            D’un autre côté, dans l’exécution des tâches quotidiennes qui nous sont confiées, la complaisance avec l’à-peu-près est une forme de laxisme aussi. C’est une constatation qui s’impose à l’observateur le moins attentif, àsavoir que le sens du travail bien fait, c’est-à-dire bien fini, n’est pas encore entré dans nos mœurs ; on est très vite satisfait des premières ébauches sorties de nos mains et on s’en va répétant joyeusement qu’il n’est pas du ressort de l’homme d’accomplir des œuvres divines. Que de chantiers inachevés ou mal achevés, réceptionnés de pure forme ! On retrouve encore ici l’exigence de l’effort sans lequel nul ne mérite véritablement d’être appelé travailleur. La vérité st qu’il existe encore de nombreux paresseux parmi nous, rêveurs de la facilité et de la jouissance dispensée de l’effort. C’est à ceux-là aussi que s’adresse le message du Président Biya pour qu’ils se réveillent de leur torpeur, de leur parasitisme et songent à véritablement gagner leur pain rigoureusement à la sueur de leur front. On y reviendra toujours, la grande affaire des pays en voie de développement  reste l’éducation des citoyens au sens complet du terme.

RIGUEUR ET SOUS-DEVELOPPEMENT
            Pourquoi souligner la nécessité de la rigueur dans le Cameroun d’aujourd’hui ?Parce qu’en réalité il y a encore beaucoup de Camerounais possédant une mentalité superstitieuse dont la principale caractéristique est l’abdication de ses propres responsabilités au profit des forces extérieures qui s’appellent le sorcier, le charlatan, le gris-gris, le talisman et, de façon plus moderne, « l’interventionnisme » à travers l’oncle, le frère ou le cousin bien placés et dont on attend  qu’ils fassent l’essentiel pour nous. Nous l’avons dit et écrit abondamment, le véritable sous-développement est culturel et mental. Le jour où le Camerounais découvre que son bonheur dépend de lui-même et de la façon rationnelle dont il organise et construit sa vie, à travers des efforts personnels et la mise en avant d’une valeur personnelle intrinsèque, alors le développement du pays tout entier aura bénéficié d’un coefficient d’accélération extrêmement fort. Et c’est au franchissement de ce rubicon que nous invite dès maintenant le Président Biya.
            L’amoureux de la facilité qui préfère avoir recours au gris-gris pour bénéficier de la sympathie de son patron au lieu de remettre les travaux qui lui sont confiés dans les délais prescrits, d’arriver au travail à l’heure, d’user raisonnablement des moyens mis à sa disposition pour accomplir son travail doit être remplacé par l’homme de la rigueur dirigé par la raison et cultivant le sens d’une responsabilité personnelle vis-à-vis de lui-même et vis-à-vis des autres.
            Mais qu’on ne s’y trompe pas : la rigueur n’est pas l’exigence d’une époque ni d’un état, l’état de sous-développement. Elle est une exigence de tous les jours. Car comment imaginer qu’il devrait venir un temps où tous les relâchements seraient permis et où l’effort, la persévérance, l’honnêteté seraient devenus caducs ? Si l’exigence de rigueur n’est pas une fin en soi, elle n’est pas non plus un moyen qu’on abandonne une fois sa mission achevée, car la mission de la rigueur ne s’achève jamais. Le développement de l’homme est une œuvre de longue haleine. Aussi, le sens de la discipline et de l’ordre, l’amour du travail bien fait, le dédain de l’à-peu-près et des demi-mesures, l’apprentissage d’une responsabilité qui libère des forces aveugles de la superstition sont-ils à coup sûr des gains de tous les jours qui devraient permettre à l’homme de franchir le seuil qui mène de la médiocrité à l’excellence.

                                                                                  E.N.M.
                                                           Site web perso. www.njohmouelle.org



Retour

Que Signaler?
Vote
Réfléchissons-y...
"LE FRUIT MÛR TOMBE DE LUI-MÊME, MAIS IL NE TOMBE PAS DANS LA BOUCHE." (Proverbe chinois)
Vote
Faits et gestes
Vote
Sondage
QU'AVEZ-VOUS FAIT DES TEXTES TELECHARGES?
Lus et classés
Lus, jugés intéressants et exploités
Lus et fait lire par d'autres
(C)octobre 2007 Réalisation BDSOFT