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Collogue philosophique

Extraits du livre dialogue L’Etat et les clivages ethniques en Afrique 

Hommes forts, institutions fortes et leadership

Njoh Mouelle : Ma pensée est précisément celle-ci : la bonne marche des Etats dépend largement de ce que les anglophones appellent le « leadership ». Les institutions peuvent être excellentes en elles-mêmes, au plan théorique, et mal fonctionner, voire ne pas fonctionner du tout. Si de nombreux observateurs de la marche des affaires africaines y relèvent le phénomène de la mauvaise gouvernance, ce n’est pas parce que les institutions seraient mauvaises ou « faibles », par opposition à celles qui seraient « fortes », mais parce qu'ici ou là, le leadership serait défaillant. Je trouve à mon tour que vous semblez accorder une dynamique et une mécanique propres aux institutions, ce qui est loin d’être la réalité !

Thierry Michalon : Vous avez raison, vous qui avez une expérience politique concrète, d'attirer mon attention sur l'importance de la qualité des hommes qui font fonctionner les institutions. Mais en sens inverse on a clairement constaté, aux Etats-Unis, qu’Obama ne peut agir que dans le cadre des institutions, qu’il ne peut absolument pas les contourner. Idem en Grande-Bretagne et en Allemagne, notamment. Le respect des institutions est une culture. Le respect d’un chef est une autre culture. Les espoirs déraisonnables mis en Obama passaient sous silence la logique des institutions, qui donne au Congrès – dans lequel les intérêts privés sont très officiellement actifs – un pouvoir considérable. Néanmoins, les dernières élections en Grande-Bretagne et en Allemagne m'ont fait prendre conscience de ce que le "leadership" est une chose dont les peuples peuvent difficilement se passer, et que l'idéologie française "républicaine" d'un pouvoir anonyme, ou du moins le plus anonyme possible, est une belle utopie, mais une utopie quand même. Ce qui ne veut pas dire qu'il faille la mettre sous le boisseau par réalisme. Nous avons besoin de mythes, la "République" en est un. Il faut des mythes, une sorte de surmoi collectif - que des enseignants comme nous ont à propager, non ? - pour lutter contre les pulsions. N'est-ce pas ça, l'effort de civilisation ?

Njoh Mouelle : C’est cette notion de « leadership » que j’essaie de vous faire distinguer de celle de « chef bon », ou de « dictateur éclairé ».  Et le fait que les gens aient placé de fols espoirs sur Obama montre que les populations d’ici ou d’ailleurs, attendent énormément et peut-être secrètement davantage des chefs que des institutions, du reste faites par des hommes.

Thierry Michalon : Je suis de cet avis: la « nature humaine » est avide de « leadership » - tout en étant rétive à l'autorité ! - et c'est bien pourquoi l'élection du Président de la République au suffrage universel, opposée aux logiques de la démocratie parlementaire patiemment élaborées par les Britanniques, a un tel succès en France comme dans les pays qu'elle a influencés... Mais les valeurs républicaines exigent que, pour être des citoyens dignes de ce nom, nous soyons capables de nous passer de chef, de Père, en investissant notre confiance dans de bonnes institutions, dont nous confierons la gestion à des hommes que nous contrôlerons mais auxquels nous ne nous en remettrons pas !
pp. 72-74

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