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INTERVIEWS POLITIQUES

INTERVIEWS POLITIQUES

INTERVIEW DU CAMARADE PROFESSEUR EBENEZER NJOH MOUELLE ANCIEN SECRETAIRE GENERAL  ET MEMBRE TITULAIRE DU COMITE CENTRAL

 

  1. QUESTION : Professeur Ebénézer NJOH MOUELLE, je propose que nous commencions cet entretien par votre réaction sur les différentes publications et autres rapports qui s’intéressent à la succession du Président Paul BIYA, au moment même où, justement, des milliers de militants, de militantes et d’amis du RDPC lui demandent de poursuivre son œuvre à la tête de l’État. Quelle est, à ce sujet, la réaction du militant, du philosophe et du citoyen que vous êtes ?
  2. REPONSE : A dire vrai, le phénomène n’est pas nouveau. Il procède de l’esprit même d’un journalisme devenu plus que mercantile aujourd’hui à travers le monde. Pour satisfaire l’appétit du gain et du profit sur un sujet tel que celui que vous évoquez, vous voyez qu’on cible un lectorat précis, celui des Camerounais. Et, comme chacun le sait, la logique de cette orientation ne s’intéresse qu’à la navigation à contre-courant, à la poussée dans des directions contraires à celles attendues par le gros des observateurs et des lecteurs. C’est ainsi que je lis et que j’ interprète ces publications dont les auteurs  se disent qu’en allant dans le sens des appels à une nouvelle candidature du Président Paul BIYA, ils viendraient enfoncer des portes ouvertes et n’apprendraient rien à personne ; par contre, ils intéresseraient beaucoup d’acheteurs et de lecteurs en laissant entendre qu’ils connaîtraient des Camerounais qui se voient à la place de successeur et « y pensent tous les matins en se rasant », comme ils l’ont écrit.  Cela ferait-il changer quelque chose dans le cours des événements ? Connaissent-ils ces personnes pour s’autoriser à leur prêter les intentions qu’ils leur prêtent ? Je ne pense pas qu’ils connaissent davantage le Président Paul Biya.

  3. QUESTION : Il n’est pas question de dire que la succession du Président Paul BIYA soit un sujet tabou ; mais ne pensez-vous pas que ces publications semblent toutes, vouloir mettre à mal l’unité du parti ?
  4.  

    REPONSE : Ce n’est peut-être pas leur intention, mettre en difficulté l’unité du parti ; mais cela pourrait y conduire. C’est pourquoi il nous appartient, en notre qualité de militants disciplinés du RDPC, de demeurer vigilants en permanence et d’éviter de suivre les sirènes flattant  l’amour propre  et les egos des uns et des autres ! Au terme du gonflement des ‘’egos’ que trouverait-on d’autre, sinon le risque de rupture de l’unité et de  la cohésion au sein de notre parti ? Comme vous le rappelez justement, il n’est pas question de faire de la ’’succession du Président Paul Biya’’ un sujet tabou. Mais, faut-il le rappeler, nous ne sommes pas un parti départemental, ni un parti régional, mais un parti responsable de la marche de toute la nation et qui ne devrait par conséquent rien prendre à la légère. D’autres oiseaux de mauvais augure ont déjà laissé entendre le son de cloche de l’éclatement du RDPC quand son Président actuel, le Président Paul Biya ne serait plus là. Comment ne pas penser à ces sons de cloche au moment où vous m’interrogez sur les publications récentes des journaux préoccupés par l’après-Biya ? Souvenons-nous que l’unité et la paix au sein du   Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais  constituent, bien plus qu’un symbole, la matrice de l’unité de la nation toute entière. Je saisis cette occasion pour dire aux camarades que nous avons tout lieu de nous féliciter du parachèvement de la réorganisation de l’encadrement du RDPC survenu la semaine dernière, par la désignation des équipes de coordination départementale des activités du parti. Les délégations régionales sont déjà opérationnelles depuis quelque temps, désignées immédiatement après la mise en place, par voie électorale, des équipes des bureaux des organes de base des 360 sections RDPC correspondant au nombre des arrondissements que compte notre pays. Nous n’oublions pas les sections qui fonctionnent dans les pays étrangers ! Comme c’est le cas pour la prunelle de nos yeux, l’unité et la paix au sein de cette grande organisation politique devraient faire l’objet d’un soin particulier de la part de chacun de nous.

  5. Camarade Ebénézer NJOH MOUELLE, les Camerounais célèbrent ce 20 Mai 2016 le 44è anniversaire de l’avènement de l’État unitaire. 44 ans après, quel regard le philosophe, le citoyen, le militant que vous êtes jette-t-il sur la construction de cette unité nationale et surtout sa préservation.
  6. NJOH MOUELLE : Il nous faut rappeler les principales étapes de la construction de l’unité du Cameroun, même si elles sont connues. Tout commence en octobre 1966 avec l’acceptation par tous les partis politiques qui existaient à cette date de fusionner  pour constituer  un seul parti, l’Union Nationale  Camerounaise (UNC). Des partis politiques du Cameroun occidental anglophone comme ceux du Cameroun oriental francophone. Puis, toujours au plan politique en 1972, c’est la résorption du fédéralisme par le référendum de mai 1972.  Les Camerounais se sont prononcé en faveur de la création d’un Etat unitaire appelé République Unie du Cameroun, organisé en sept provinces. C’est la ‘’Réunification’’ Le parachèvement de l’unité va se produire en janvier 1984 au début de l’ère Biya par la transformation de la ‘’République Unie du Cameroun’’ en ‘’République du Cameroun’’, organisée cette fois en dix provinces qui deviendront des régions dans la constitution retouchée de 1996. Cette unité là est à la fois territoriale, politique et administrative. Mais je dois ajouter que malgré ses 44 ans d’expérience d’un État unitaire, le Cameroun demeure un projet d’État-nation toujours en cours de construction. Et comme tout projet, celui-ci demande continuellement l’adhésion de tous les partenaires à un idéal de destin commun. Car il ne suffit pas de vivre dans un cadre territorial et administratif sûr et confirmé pour constituer une nation. L’État oui, la nation, une longue gestation. Mais les diverses composantes du peuple du Cameroun n’en sont plus à se demander s’ils sont ou ne sont pas des Camerounais.
  7.       Camarade, est-ce que 44 ans après, les Camerounais se sentent plus unis ? Avons-nous réussi, comme le souhaite le Président Paul Biya, à passer de l’unité nationale au stade supérieur de l’intégration nationale ?

  8. NJOH MOUELLE : Les Camerounais se sentent-ils plus unis ? Nous pouvons convertir cette question en celle-ci, qui permet de donner un contenu objectif à l’expression « se sentir unis » : est-ce qu’il existe des Camerounais qui expriment ou auraient exprimé le désir ou l’intention de n’avoir plus à partager le même destin que les autres, en tant que citoyens d’un même pays, le Cameroun ? La multiplication du nombre des partis politiques ne traduit nullement une telle intention. Même au plus fort des « échauffourées » de la période des villes mortes, les Camerounais ne se battaient pas pour sortir du Cameroun, mais au contraire pour s’y enraciner en le servant! Je rappelle ici la position que le Premier Ministre Yang Philémon a exprimée lors du Colloque du 17 février 2014 à l’Université de Buéa sur le thème « De la Réunification à l’intégration : 50 ans de construction nationale », quand il s’adressait aux partisans du  mouvement« Southern Cameroon National Council». Le premier Ministre a dit clairement que les membres de ce mouvement ont toute la latitude pour se constituer en parti politique parmi les partis politiques  et de participer aux diverses consultations électorales avec le programme qui est le leur. Ce serait l’occasion pour eux de compter les compatriotes partageant leurs idées. Se sentir unis ou réaliser l’intégration nationale ne consiste pas à demander ou espérer que les Camerounais se mettent à s’aimer tous, les uns les autres. (Même les croyants de même confession religieuse ne s’aiment pas tous !). Il s’agit pour eux de continuer de s’associer à la poursuite d’un destin commun d’État-nation au sein duquel chacun doit pouvoir s’épanouir. Il est vrai que quand on parlé d’intégration nationale, on a aussi parlé de l’union des cœurs ! L’union des cœurs est une valeur émotionnelle qui cimente le sentiment d’appartenir à une même nation et qui crée un autre degré de solidarité au-dessus de la solidarité ethnique, et qui est proprement la solidarité nationale. C’est bel et bien ce facteur émotionnel qui entre en jeu lorsque les Camerounais vibrent à l’unisson devant les victoires des équipes sportives nationales qui engagent l’honneur du Cameroun sur le théâtre international. Les Camerounais s’unissent émotionnellement autour des projets rassembleurs tel que l’était aussi la défunte Camair. D’autres projets rassembleurs en cours de réalisation contribueront indiscutablement à consolider la cohésion unitaire du vivre-ensemble des Camerounais. Du moins telle est ma profonde conviction.

  9. Les regroupements identitaires que l’on observe ici et là et qui se déclinent en associations des ressortissants de telle ou telle région, de tel ou tel département, constituent-elles un adjuvant ou une menace à notre unité ?
  10. NJOH MOUELLE : L’unité nationale ne peut être contrariée par les regroupements identitaires à travers les associations des ressortissants de telle ou telle région que si certains de ces regroupements engagent des actions ouvertes qui menacent l’intégrité territoriale ou la forme républicaine de l’Etat. Tant que ces associations et regroupements ne s’occupent que des problèmes particuliers des villages et des régions, nul ne saurait les incriminer en quoi que ce soit. C’est là, en effet le critère de nuisance ou de non- nuisance à l’unité nationale, tel que le présente la loi du 19 décembre 1990 sur les associations dont l’article 4 « déclare nulles et de nul effet les associations fondées sur une cause portant atteinte à l’unité, à l’intégrité territoriale et à la forme républicaine de l’Etat ». Autrement dit, les associations pour le développement de tel ou tel village, les associations qui pérennisent les patrimoines des diverses cultures ethniques sont tout à fait légitimes et ne devraient pas aller contre l’unité nationale ; bien au contraire, il est plutôt question de faire œuvrer dans le sens de leur modernisation par insertion dans le fonctionnement économique de notre pays.

  11. On le sait, et le Président Paul Biya n’a de cesse de le répéter, le défi permanent pour le Cameroun et les Camerounais, c’est de préserver notre unité nationale. Quel est, sur ce chantier –là, le rôle de chacun des Camerounais, à commencer par le premier d’entre nous, le Président de la République ?
  12. NJOH MOUELLE : En rappelant, comme je viens de le faire que l’unité nationale n’est menacée que par des décisions, des agissements ou des initiatives qui affectent l’intégrité territoriale et la forme républicaine de l’Etat, je laissais entendre que c’est dans la mesure où chacun agit et se projette toujours dans le cadre et le respect des lois et règlements de la République qu’il aide à préserver cette unité. C’est ainsi que le Président de la République a tout fait pour maintenir la presqu’île de Bakassi  dans les limites territoriales du Cameroun. C’est bien lui qui a pris la décision de ne pas se laisser faire et de porter l’affaire devant la Cour Internationale de La Haye. C’est de la même manière, qu’à travers le combat qu’il mène avec succès contre Boko Haram, il s’oppose à l’installation d’un « État islamique » ou khalifat sur une partie du territoire camerounais. De son côté, chaque Camerounais pris individuellement se doit de ne nourrir aucun projet, ni participer, en traître, à aucun projet qui aille à l’encontre des intérêts pour la sécurité et pour la paix dans son pays.

  13. Il n’ y a pas de paix sans développement, le Président Paul Biya le sait, il l’a dit d’ailleurs à plusieurs occasions et c’est pour cela qu’il fait feu de tout bois pour conduire le Cameroun vers l’émergence. Et je cite le Secrétaire Général du Comité Central du RDPC : «  L’émergence dont il s’agit ici, est la clef qui ouvre les portes de la modernité à travers une croissance forte, soutenue et durable, synonyme d’investissements, d’opportunités d’emplois pour les jeunes et de création de richesses redistribuées de manière équitable. L’émergence dont il s’agit ici, est la garantie de la prospérité et de l’amélioration des conditions de vie promises par le président Biya aux Camerounais »
  14. NJOH MOUELLE : Selon l’inventeur de ce concept en 1981, l’économiste néerlandais Van Agtmael, « le pays émergent, pays du Tiers-monde est un pays pauvre, mais qui connaît depuis plusieurs années des taux de croissance élevés et qui amorce, par ce fait même, un processus de modernisation et de rattrapage des pays développés… ». Mais en fait, si on considère les pays émergents déjà identifiés comme tels, on se rend compte qu’ils se signalent par de bons taux  de participation au marché mondial des produits manufacturés et des services d’une part, et, d’autre part, par une attractivité satisfaisante des investissements et donc des capitaux ; on se dit ensuite que l’émergence n’est pas un moyen mais l’objectif, le stade à atteindre qui n’est autre que celui de « nouveau pays industrialisé », appellation consacrée et  attribuée à quatre pays du Sud-est asiatique, ceux-là mêmes qui sont encore appelés les « Dragons ». Dans son discours de vœux à la nation le 31 décembre dernier, le Président Biya  a clairement souligné cet objectif d’industrialisation à réaliser. Autrement dit, ce n’est pas l’émergence qu’on vendrait comme un produit, mais c’est l l’émergence qui consiste en la production des biens à vendre.

  15. Vous l’avez compris, nous sommes en économie politique ou en politique économique, c’est selon, je voudrais, en tout cas, vous inviter à réagir à la tenue mardi et mercredi derniers à Yaoundé, de la conférence économique internationale sur le thème : « Investir au Cameroun, terre d’attractivités ». Comment le citoyen que vous êtes a-t-il accueilli l’organisation de telles assises dans notre pays ?
  16. NJOH MOUELLE : Un forum économique France- Cameroun s’est tenu en 2013 ; mais c’était précisément en France. Quelque chose du même genre s’est également passé aux Etats-Unis. Mais la Conférence Economique Internationale des 17-18 mai dernier aura été tout à fait autre chose. Elle ne s’est pas limitée aux discours de la cérémonie d’ouverture, elle s’est organisée en ateliers mettant face à face les financiers et les opérateurs économiques Camerounais. Des projets ont été présentés par des Camerounais. Savez-vous que certains économistes, à l’instar du Sénégalais Moubarack Lô, Président de l’Institut Emergence, considèrent comme facteur déterminant pour la réalisation de l’émergence le fait pour un  pays d’être un pôle d’attraction des investissements et notamment des IDE (investissements directs étrangers) et de s’intégrer avec succès dans l’économie mondiale grâce à ses capacités d’exportation » ?
    A l’occasion de cette Conférence Economique Internationale qui vient de se tenir, les responsables camerounais ont mis en circulation un document présentant le climat des affaires dans notre pays à travers l’évocation d’un certain nombre de reformes , plus exactement un certain nombre de lois promulguées de 2001 à 2013 et ayant porté sur le code minier ( 16 avril 2001), la charte des investissements( 19 avril 2002), le régime général des contrats de partenariats, ( 29 décembre 2006), loi régissant le secteur de l’électricité, ( 14 décembre 2011), loi régissant les zones économiques, ( 16 décembre 2013), loi régissant le commerce extérieur et fixant les incitations à l’investissement privé., ( 13 avril 2013). Il y a lieu de se réjouir, une fois de plus, de l’organisation réussie de cette grande conférence qui a vu la participation des personnalités telles que José Manuel Barroso, Tony Elumelu, Président du Groupe UBA dont l’exposé a été fort apprécié pour son caractère concret, Pascal Lamy, ancien Directeur Général de l’OMC, ainsi que de nombreux opérateurs économiques connus.
    Je crois savoir qu’au mois de septembre 2015, on dénombrait déjà 44 entreprises ayant eu à bénéficier des avantages prévus dans la dernière loi, celle du 18 avril 2013. Parmi les projets des six dernières entreprises  ayant signé des conventions avec le Ministre des Mines, de l’Industrie et du développement technologique en septembre 2015, se trouvent la création d’une usine de transformation du cacao à Bokito, l’extension d’une usine de production d’huile de palme et des palmistes  à Massoumbou, près de Douala, la création à Douala même d’une usine de production de boissons non-alcoolisées. Tout cela est très heureux et ressemble à un frémissement qui devrait pouvoir être transformé rapidement en une fièvre de créativité entrepreneuriale. Je pense que la Conférence économique internationale des 17 et 18 mai à Yaoundé va contribuer de manière puissante à dynamiser cette belle mouvance. Il faudra pour cela que d’autres forums entre Camerounais et sous l’impulsion du gouvernement se tiennent pour maintenir le rythme de stimulation qui ne devrait plus retomber sans que des résultats aient commencé à se produire !

  17. Quelles peuvent être les attentes, les espoirs des Camerounais par rapport à cette conférence économique qui vient de se tenir dans notre pays ?
  18. NJOH MOUELLE : la DSCE (Déclaration de stratégie pour la croissance et l’emploi) a  envisagé des actions importantes telle que celle qui consiste à faire procéder à l’identification des « filières à fort potentiel de croissance, de les structurer et de les intégrer pour parvenir à une industrialisation progressive ». Le projet aurait reçu l’aval de la Banque Mondiale pour financement. Cette orientation est l’une de celles qui devrait faire recours à la recherche appliquée susceptible d’intéresser directement les entreprises. Il est vrai qu’une action de diffusion de l’information devrait être déployée par les responsables de notre économie, non seulement pour faire connaître ces filières, mais également pour faire connaître les dispositions avantageuses prévues dans la loi du 18 avril dont je viens de parler, ainsi que toutes autres dispositions législatives et règlementaires déjà signalés et  devant être connus par les opérateurs économiques. Un autre facteur de réalisation de l’émergence s’appelle la recherche scientifique et l’exploitation des brevets déposés auprès de l’OAPI. Il est temps que de nouveaux tempéraments d’entrepreneurs parmi les Camerounais se manifestent sans demeurer dans l’attitude passive des personnes attendant que tout leur soit apporté à demeure.  Il est significatif que Manuel Barroso et Tony Elumelu aient mis l’accent sur le rôle du personnage qui s’appelle l’entrepreneur  et le nécessaire encouragement qui devrait être apporté aux petites et moyennes entreprises. La création effective d’une banque pour le financement des PME est une excellente chose. Pourvu que là aussi, il ne se passe pas ce qu’ont connu les premières banques agricoles et le Fogape (Fonds de garantie pour les petites entreprises). Tout le monde aura aussi entendu souligner par les divers intervenants la nécessité pour le Cameroun de passer à une étape supérieure d’exploitation du marché sous-régional et régional.

  19. Le Président Paul Biya vient d’effectuer deux voyages coup sur coup à Abuja au Nigeria. D’abord une visite d’Etat couronnée de succès et une participation tout également remarquable au Sommet d’Abuja sur la lutte contre Boko Haram. Comment vous analysez cette actualité dans les relations entre le Cameroun et le Nigeria ? Une telle embellie sous le ciel des rapports entre le Cameroun et le Nigeria était-elle prévisible en ce moment ?
  20. NJOH MOUELLE ! Les Camerounais avaient déjà pressenti une amélioration des rapports entre le Nigeria et leur pays dès l’élection du Président Buhari qui a réservé au Cameroun l’une de ses premières visites officielles à l’étranger. Au cours de cette visite au Cameroun il a invité le Président Biya à effectuer une visite d’Etat à Abuja ; invitation qui avait été acceptée. Tout a été ensuite mis en œuvre par le canal diplomatique pour situer cette visite d’Etat avant le Sommet du samedi 14 mai portant sur les questions de sécurité dans notre zone. Le Président Biya y a tenu son rôle et avec toute la fierté qu’il pouvait ressentir par rapport aux résultats obtenus par l’armée camerounaise sur le front de la lutte contre Boko Haram. Par rapport aux relations économiques entre le Cameroun et le Nigeria, le grand dynamisme des Camerounais est invité à exploiter au mieux des intérêts de notre pays l’activité commerciale transfrontalière dominée par l’informel et la contrebande. Selon une étude commandée par la banque mondiale  et menée par les économistes Mukhtar Amin et Mombert Hope, le commerce réel observé à cette frontière est estimé 40 fois supérieur au commerce officiel et formel. Il ressort de cette étude qu’il faut «  formaliser l’informel dans le commerce transfrontalier Cameroun-Nigeria ». Le Cameroun aurait exporté dix fois plus vers le Nigeria entre 2010 et 2011.  Comme vous pouvez vous en rendre compte, je suis en train de plaider en faveur de l’exploitation de ce que vous considérez comme une embellie sous le ciel des rapports entre le Cameroun et le Nigeria.

  21. Maintenant, sur le plan purement militaire et sécuritaire, cela signifie-t-il que les jours de Boko Haram sont comptés ?
  22. NJOH MOUELLE : Les nouvelles qui nous parviennent du théâtre des opérations sont plus que rassurantes. Mais alors, et  tout le monde le dit, il ne faut pas encore baisser la garde, d’autant plus que personne ne peut se risquer à indiquer une date pour la fin de Boko Haram, comme si cette fin pourrait être datée d’avance. Elle le sera un jour a posteriori. Le phénomène entre peu à peu dans une phase d’extinction à surveiller par rapport à un autre changement de la nature des attaques qui pourraient encore surprendre. Boko Haram ressemble à une hydre à mille têtes ! Il est encore à craindre que des têtes de l’hydre réapparaissent ici où là, sous des formes ayant muté en autre chose. C’est ici que les apports des puissances occidentales qui nous aident devraient être plus particulièrement utiles par leur capacité de sophistication. Mais comment, sans cela, ne pas se féliciter de la vigilance des populations organisées désormais en comités de vigilance dans tous les quartiers ? Ils ont déjà aidé à faire étouffer dans l’œuf plusieurs projets d’attentats.

  23. Camarade, je propose que nous sortions de cet entretien par ces propos du président Buhari parlant du Président Paul Biya : «  Cet homme me fascine. A chaque occasion qu’il nous a été donné d’échanger, j’ai trouvé en lui un grand homme d’Etat et un sage ». Votre commentaire ?

NJOH MOUELLE : Grand homme d’Etat et Sage, le Président Paul Biya l’est assurément. Et, quand le Président Buhari dit que cet homme le fascine, il faut remarquer et souligner le fait qu’il parle de ‘’l’homme’’. En effet, avant  d’être un chef d’Etat, le président Biya est d’abord un homme. Et quand son homologue Nigerian parle de fascination, je ne peux m’empêcher de penser au livre que lui a consacré François Mattei et qui porte comme titre  « Le code Biya ». Un titre qui sous-entend déjà qu’il faudrait quelques clefs pour saisir l’homme. Sous le sous-titre « L’énigme Biya », tout à fait au début du livre, François Mattéi écrit : «  Nul ne sait véritablement qui il est » !Le sentiment de fascination exprimé par le président Buhari ne s’expliquerait-il pas par là ?A propos de la sagesse, comment résister à signaler cet autre sous-titre, juste avant la Conclusion, intitulé « Le puissant et le sage » et dans lequel l’auteur écrit encore ce qui suit : «  Il n’a montré aucun moment de faiblesse dans les combats furieux qui lui étaient livrés pour le salir, le diminuer ou le tuer ». Mystère et sagesse, on peut dire que le Président Buhari, peut-être sans avoir lu « Le code Biya » vient abonder dans le même sens, par sa simple intuition de l’homme./

 

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