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Préfaces:Ouvrages

Le devoir de solidarité,
(Pour une éthique de l'être-ensemble)

Presses de l'Université Catholique, Yaoundé Mars 2009

Dominique Mvogo publie ici un intéressant essai portant sur une thématique générale et éthique. Le Devoir de solidarité en est le titre. Un principe qui occupe une place de choix dans le projet de société développé dans le livre Pour le libéralisme communautaire du président Paul Biya. Il est heureux que Dominique Mvogo ait privilégié cet élément du triptyque comprenant comme autres principes, « la liberté d’entreprendre » et la « fonction régulatrice d’un Etat démocratique ». Le projet de Dominique Mvogo ne se veut cependant pas un commentaire de l’ouvrage mentionné. Il prolonge d’une certaine manière la préoccupation éthique qui a été celle de l’auteur de Pour le libéralisme communautaire En choisissant de mettre en relief la notion de devoir de solidarité l’auteur indique clairement que son principal souci dans le présent essai est fondamentalement éthique. Nous n’insisterions pas dessus si l’expérience de ces derniers temps n’avait pas plutôt révélé le mauvais sort qui a été fait à la morale et à tout effort de moralisation. Car, si Mvogo écrit et pense, il le fait d’abord pour ses compatriotes camerounais. Dès l’introduction, l’auteur présente les termes mêmes d’éthique et de morale comme n’étant la plupart du temps que des « mots d’apparat » auxquels font recours les hommes politiques pour justement orner leurs discours. Ce livre est écrit à un moment où nombre de ses compatriotes qui ont joué à  cet hypocrite affichage de principes éthiques sont en train d’être pris dans leur propre jeu par une justice qui, pour être lente à sévir, n’en demeure pas moins réelle et incontournable.
         Mais ce serait bien réducteur que d’enfermer le projet de Dominique Mvogo dans les étroites limites de l’environnement moralement déboussolé de son pays. Le déploiement des égoïsmes qu’il dénonce à l’intérieur est tout aussi ravageur et triomphant à l’extérieur et particulièrement au plan des relations internationales. Il a bien raison de faire parler le vieux Malthus dont il reproduit l’allégorie décrivant un impitoyable état de nature, sorte de banquet par rapport auquel se définissent les convives et les intrus, « l’ordre et l’harmonie de la fête », les « trouble-fête qui menacent en tout temps de changer l’abondance en disette et la tranquille sécurité des possédants en insécurité permanente !
         C’est alors que quelque part, au détour d’un chapitre, Dominique Mvogo nous propose ce qu’il appelle « l’éthique de la contingence et de la précarité ». Il écrit en effet : «  L’éthique de la contingence et de la précarité que je suggère ici dans le domaine des relations individuelles et interindividuelles pourrait avoir une certaine pertinence dans la sphère politique, dans le domaine des relations interétatiques » Il est évident cependant que ni les personnes individuelles ni les Etats n’abandonneront de si tôt  et majoritairement cette volonté de puissance inscrite au cœur-même de leur être en tant que vouloir-vivre nécessairement poussé à braver l’insécurité à travers de nombreuses prises de risques dans lesquelles les entraîne le seul fait de vivre et d’exister. D. Mvogo écrit encore : «  Je propose l’éthique de la contingence grâce à laquelle l’homme comprend qu’il est un être en partance, un être destiné à passer, à partir. Partir de toutes les positions, de toutes les fonctions, de tous les sites qu’il occupe, pour retrouver la terre-mère, l’humus matriciel et originel ».  En réalité la difficulté ne réside-t-elle pas davantage dans le fait, non pas de ne pas comprendre cela, mais dans celui plus rare de vouloir véritablement agir en conformité avec cette compréhension ?
         Il en va de même avec le devoir de solidarité qui suppose lui-même une ferme volonté de solidarité qui la distingue de la simple obligation sociale pour en faire une authentique loi morale fondée sur la liberté. Car, à bien y regarder, toute volonté de solidarité obéit à une volonté de cohésion et peut-être aussi d’enfermement dans des identités particulières de groupes. D. Mvogo ne manque pas de percevoir cet écueil ; c’est pourquoi il prône une solidarité ouverte se fondant non plus sur le groupe, fût-il ethnique ou national, mais sur l’appartenance à une même humanité. Il pense que cela passe par l’édification des ensembles régionaux tels que ceux qui fonctionnent tant bien que mal, un peu partout dans le monde aujourd’hui. Il invite l’Afrique à confirmer son orientation dans une direction identique même si, en fin de compte, les oppositions et conflits d’intérêts continueront de prédominer entre les nouvelles identités géographiques qui ne manqueront pas de chercher à récupérer, chacune pour soi, le monopole plus ou moins bien compris du sens de l’humain.   

E. NJOH MOUELLE
www.njohmouelle.org

 

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