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Mon opinion sur... Le bonheur

QU’EST-CE QUE LE BONHEUR ?

            Est-il possible de parler du bonheur, surtout de dire ce qu’il est, à partir du moment où il s’agit d’un vécu subjectif, sans commune mesure entre les expériences, du moins a priori ?
            Les réponses données par monsieur Tout Le Monde à la question qu’est-ce que le bonheur pour vous désignent la plupart du temps ce qu’il convient d’appeler plutôt le plaisir ou la joie :
C’est quand on se régale du plat qu’on aime le plus
C’est quand on reçoit une très bonne nouvelle, l’annonce du succès à un examen ou l’annonce d’une promotion dans la carrière
C’est quand on se sent à l’abri du besoin et qu’on peut s’acheter tout ce qu’on désire, etc.
 Ces moments supposés être des moments de bonheur  sont en réalité des moments de plaisir  ou de joie
Ils sont caractérisés par leur courte durée, tellement ils sont passagers, fugitifs, fugaces, bref éphémères.
Les plaisirs sont caractérisés en second lieu par le fait  qu’ils sont produits par une cause précise, ponctuelle  qui agit sur nous
En troisième lieu  ce sont des sentiments liés à nos cinq sens.
Quand ce n’est pas un plaisir gustatif, c’est un plaisir visuel, ou olfactif. Nous sommes ici dans le registre de la sensibilité par opposition à l’intellectualité et à la spiritualité.
  
II- Le bonheur aussi pourrait-il être dit lié aux sens et aux sensations ? Est-il aussi de brève durée par nature et pour finir, a-t-il aussi une cause ponctuelle ?

A- :  Si le bonheur est traité et considéré comme un sentiment à l’instar du plaisir ou de la joie qui se produisent dans des circonstances déterminées, ne serait-ce pas parce que dans l’imagerie populaire le bonheur ressemblerait à un stade supérieur du plaisir et de la joie, Une sorte de sublimation du plaisir et de la joie ?
De quelle nature pourrait être ce stade supérieur ? On ne l’imagine pas   autrement que sous la forme d’une prolongation indéfinie du plaisir et de la joie, une satisfaction de toutes nos inclinations, tant en extension qu’en -intensité.
Ce qui fait glisser vers l’idée d’une totalisation –capitalisation des plaisirs !
C’est bien cette orientation qui aurait poussé Raymond Polin à écrire dans son  livre intitulé « Le bonheur considéré comme un des beaux arts » qu’il n’y a pas de bonheur d’un jour s’il n’est aussi le bonheur de toujours.
Autrement dit, la prise en compte de la durée entrerait dans la nature du bonheur.
Or tout ce qui vient des sens étant par nature de durée limitée, le bonheur qui serait recherché dans cette direction ne demeurerait-il pas foncièrement illusoire ?
                   Ou alors il lui faudrait trouver une cause agissant en permanence
à la différence de la cause du plaisir qui est nécessairement discontinue ?

B- Que pourraient donc bien être cette cause ou ces causes qui sortiraient de leur contingence pour se transformer en causes permanentes entretenant des sentiments eux-mêmes permanents de plaisir ou de joie produisant le bonheur?
Aucune des causes des plaisirs éprouvés ne saurait agir continuellement et produire un plaisir qui ne s’arrêterait plus !
Cette hypothèse conduirait à découvrir l’inverse du plaisir, le déplaisir ou le dégoût, du moins,  tant qu’on reste dans le domaine des sens.
Ce constat pousse à tirer deux conclusions sous forme d’hypothèses :
1- envisager le bonheur en dehors de la sphère des cinq sens et de la sensibilité.
2- dire que le bonheur ne saurait dépendre de causes précises quelconques
LA RICHESSE ET L’AISANCE MATERIELLE : C’est alors que la richesse et l’aisance matérielle se présentent à certains comme susceptible de jouer le rôle de cette cause permanente qui remplacerait la cause ponctuelle du plaisir et de la joie. On a l’impression que s’installer dans la sécurité que procure le sentiment  de ne manquer de rien correspondrait à un état de bonheur.
Mais en parlant de bonheur, ne serait-on pas en train de parler plutôt de bien-être ?
On peut jouir du bien-être et vivre malheureux pour d’autres raisons. Le bien-être lui-même ne représenterait que l’une de ces nombreuses inclinations dont chacun rêve d’une impossible totalisation. Parmi les aspirations que la sécurité et le bien-être matériels ne comblent pas nécessairement, il y a la réussite conjugale et d’une manière générale réussite en amour, l’harmonie dans la vie familiale, la culture, l’ouverture d’esprit etc.. On se répète souvent cette pensée qu’on ne peut pas tout avoir. C’est dire que le bonheur ne se situe pas au bout d’un comptage ou d’une comptabilité des avoirs possibles et imaginables.

III-- Dans quel registre pourrait donc se situer le bonheur, s’il faut le sortir du champ des cinq sens et de la sensibilité en général ?

 Il est déjà clair qu’il ne se loge pas dans un moment de durée brève et qu’il est un état ; mais pas nécessairement un état d’homme ou de femme installés dans la richesse et l’aisance matérielle. Serait-il donc à chercher sous la forme d’un état semblable à la béatitude ?
L’égoïsme caractéristique de tout désir de bonheur avait poussé le philosophe allemand Emmanuel Kant à considérer que la quête du bonheur ne peut constituer le mobile d’une conduite morale, parce que la quête du bonheur relève de l’amour de soi, c’est-à-dire de l’égoïsme du sujet.  Il  avait eu raison de dire que le bonheur est un idéal, non pas de la raison mais de l’imagination ; et qu’à ce titre il ne pouvait se fonder que sur des principes empiriques parce que justement il naît de la faculté de désirer et que la raison ne peut pas permettre de l’atteindre.
Au point où nous sommes parvenu dans notre questionnement, nous voyons l’idée de bonheur se transformer en un mirage.
Car même si on tient à la sauver par le biais de l’idée de Paradis qui est le prototype des produits de l’imagination, on se heurte à une nouvelle difficulté qui a l’allure d’une nouvelle contradiction. En effet, si la condition qui règne dans le mythe du paradis est celle dans laquelle toutes les difficultés sont supposées résolues, la conscience elle-même paraissant engloutie dans une harmonie avec la nature ou avec Dieu, il n’existerait plus, ni une conscience de quoi que ce soit, y compris la conscience du bonheur en question, ni non plus la moindre réflexion sur notre condition,  absorbée qu’elle serait dans un éternel présent.
Serait-ce cela la béatitude ?. Le désir de  bonheur serait-il un désir de béatitude ? La béatitude est un concept religieux et qui relève donc du domaine de la spiritualité. Elle n’est pas présentée par ceux qui en ont parlé comme étant la satisfaction de toutes  nos inclinations ; au contraire la béatitude se gagnerait plutôt sur le chemin de la connaissance, mais d’une connaissance par sympathie se présentant comme l’expérience d’un contact avec l’absolu, un contact avec Dieu : la connaissance du troisième genre définie par Spinoza, ou encore l’intuition bergsonienne, par laquelle « …on se transporte à l’intérieur d’un objet pour coïncider avec ce qu’il a d’unique et par conséquent d’inexprimable ».
 A l’opposé de la béatitude, le bonheur ne se cherche pas sur le chemin de la connaissance ; ce n’est pas un savoir qu’on cherche à acquérir mais plutôt une condition de vie apparaissant comme cette impossible satisfaction de toutes nos inclinations, aussi bien en extension qu’en intensité.
En dernière analyse, le bonheur ne ressemblerait-il pas à une aspiration paradoxale d’un homme en quête d’une condition qui supprimerait tout désir d’autre chose, et conduirait à l’extinction même de la vie qui est mouvement et tension permanente ?
A moins de le considérer comme un état de contentement intérieur produit, non par une cause matérielle extérieure  agissant sur les sens, mais par ce regard rétrospectif de notre mémoire, donc de notre esprit, fixé sur l’évocation des moments passés nous ayant procuré une belle joie de vivre ? Ne serait-ce pas ce bonheur considéré comme l’un des beaux arts, tel que Raymond Polin en a parlé et que le Jean-Jacques Rousseau des « Rêveries d’un promeneur solitaire » l’aura expérimenté ?


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