Visiteurs:116471952
En ligne:00081
Accueil   Activités  
menu philo
Interviews politique

Interviews politique

INTERVIEW  DU Pr. NJOH MOUELLE au quotidien Cameroon Tribune du jeudi 27 novembre 2008
Ancien député, Ancien membre du gouvernement et écrivain, au sujet de l’efficacité des questions orales posées par des députés aux membres du gouvernement

1°)- Professeur, en tant qu’ancien élu de la nation et ancien membre du gouvernement, quelle est l’expérience que vous avez des questions orales au gouvernement ?
         Je vous remercie, Cameroon Tribune, de votre visite. Vous savez que j’ai écrit « Député de la nation », publié la dernière année de mon mandat qui a couru de mai 1997 à juin 2002. Dans ce livre, aux pages 96-97, entre autres, vous trouvez quelques-unes de mes réflexions sur la question. L’expérience avait emballé davantage les députés que les membres du gouvernement. C’est compréhensible. Le beau rôle ici revient aux poseurs de questions que sont les élus du peuple, tandis que les ministres sont placés dans la position d’interpellés, avec ce que cela comporte d’arrière-plan de « tribunal ». Ce ne sont pas seulement les députés de l’opposition qui interviennent ; ceux du parti au pouvoir jouent également et  pleinement leur rôle de représentants du peuple. Comme je l’ai écrit, après la première séance des questions au gouvernement pendant laquelle vingt-quatre questions furent posées et répondues en quatre heures de temps, les séances qui suivirent n’ont pas été à la hauteur des attentes placées en cet exercice. En effet de vingt-quatre questions le premier jour, nous étions descendus à simplement quatre questions en une heure et demie  lors de  la deuxième édition.

2°) Professeur, cette pratique démocratique a-t-elle souvent permis d’aboutir à des solutions concrètes ?
         Le but de cet exercice n’est pas de faire en sorte que soient obtenues des solutions concrètes plus ou moins immédiates. Les « questions orales au gouvernement » entrent dans le cadre du contrôle de l’action gouvernementale que l’assemblée nationale doit exercer. Les membres du gouvernement sont tenus en haleine et s’attendent, ou plus exactement doivent s’attendre à être interpellés sur telle ou telle question, tel ou tel dossier, telle ou telle situation. Il est vrai que les points de presse existent et qu’ils permettent au gouvernement, dans le cadre de la communication permanente à laquelle il doit se livrer et se livre en fait, d’éclairer l’opinion publique sur la marche du pays. Mais l’initiative de communiquer étant prise par le membre du gouvernement ne remplace pas celle que prend le député qui reçoit son inspiration et ses suggestions de la part de divers citoyens, et pas seulement ceux de sa circonscription électorale. Il est député de la nation et doit être attentif à tous les problèmes concernant la marche de la nation.
         Parlant des « solutions concrètes » qui vous préoccupent, il faut dire que si les interpellations portent sur des situations, des conflits, ou des résistances à l’application des mesures officielles, par exemple, il va de soi que le membre du gouvernement interpellé se mette en devoir de régler le ou les cas signalés. Ses collaborateurs qui l’accompagnent pendant cet exercice sont supposés prendre des notes et servir d’aide-mémoire à leur patron, une fois revenus à leurs bureaux. Mais il faut dire que la plupart du temps les membres du gouvernement se trouvent plutôt en position de devoir expliquer ou  justifier des choix, des décisions, des mesures prises. Il faut éclairer l’opinion.

3°) Que faire pour améliorer le système dans la perspective d’un meilleur contrôle de l’action gouvernementale par l’assemblée nationale ?
         Je crois que l’une des premières conditions permettant d’aller dans le sens que vous souhaitez semble remplie. Je veux parler du fait pour chacun des protagonistes de prendre l’exercice au sérieux et d’éviter de le considérer comme une simple formalité. Du côté des membres du gouvernement la chose ne risque guère d’être perçue de cette façon et pour cause. Que ce soit en vase clos au sein de l’hémicycle ou en diffusion directe à travers les médias comme cela risque d’être le cas demain ou après-demain, l’interpellé sait qu’il y va de son image personnelle et qu’il ne saurait l’exposer à être mal perçue ou mal jugée. Du côté des élus du peuple, je sais que l’exercice est également pris au sérieux ; certains s’organisent méthodiquement pour préparer leurs questions. Ici, il faut que je signale une situation qui s’est produite dans le passé et qui faisait que face au grand nombre de questions formulées et soumises par les députés, une importante quantité d’entre ces questions étaient placées en situation d’attente pour être sorties à l’occasion, les unes après les autres. Au moment où on sortait telle ou telle question du « frigo » pour la programmer, l’auteur de la question se surprenait d’être invité à monter à la tribune, la question elle-même n’étant plus tout à fait d’une grande actualité. Pour le cas et le jour auxquels je pense, je me souviens qu’il nous avait été dit que quatre cents questions avaient été enregistrées ! Je ne crois pas qu’on continue d’en enregistrer et d’en conserver autant à la fois. C’est dans ce genre de situations qu’on pourrait voir l’exercice prendre des allures de simple formalité.
         Pour terminer sur cette question, je pense qu’une certaine amélioration pourrait se produire quand on décidera de diffuser en direct cette séance de questions orales au gouvernement de telle sorte que le grand public puisse recevoir directement les éclairages et les explications des membres du gouvernement. On pourrait en attendre une plus grande prise de responsabilité devant l’opinion publique, de la part des divers acteurs.

                                                        Propos recueillis par Waffo Mongo

Que Signaler?
Vote
Réfléchissons-y...
"LE FRUIT MÛR TOMBE DE LUI-MÊME, MAIS IL NE TOMBE PAS DANS LA BOUCHE." (Proverbe chinois)
Vote
Faits et gestes
Vote
Sondage
QU'AVEZ-VOUS FAIT DES TEXTES TELECHARGES?
Lus et classés
Lus, jugés intéressants et exploités
Lus et fait lire par d'autres
(C)octobre 2007 Réalisation BDSOFT