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Préfaces:Ouvrages

Existence et valeurs 3 AVENIRS PLURIELS

        
« Avenirs pluriels », le sous-titre du troisième volume de la série « Existence et valeurs » initiée par Pius Ondoua, traite de la démocratie, de l’utopie tout en revisitant des textes tels que  « le Manifeste du Parti communiste » de Karl Marx et le Consciencisme de Kwame Nkrumah. Une certaine manière d’utopie traverse en effet ces visions de monde. La forme choisie et qui  est celle du dialogue ou plus exactement d’un entretien entre l’auteur et un de ses jeunes collègues, pourra être appréciée par les non-philosophes dont cette thématique ne peut pas ne pas accrocher l’attention et l’intérêt. Il n’empêche que c’est d’abord et avant tout pour des philosophes et principalement des étudiants en philosophie que  Pius Ondoua envisage ici une sorte de mise en ordre et de clarification des idées évoquées à travers l’histoire de la philosophie.

Dans un contexte de mondialisation effrénée, Pius Ondoua tente de projeter une lumière utile sur bien des enjeux et notamment celui, principal, mettant face à face et en tout temps L’Un et le Multiple, l’Universel et le Particulier, le réel et l’idéal. Au cœur de ce qui apparaît au premier abord comme une question d’ontologie se niche la question fondamentale pour la société humaine qui est la question des valeurs, c’est-à-dire la question éthique. Il est étonnant qu’un auteur tel que Fukuyama se  soit laissé aller à pousser des accents d’un triomphe laissant entendre que l’idéal était enfin devenu réalité quand il proclame la fin de l’Histoire, la démocratie libérale lui apparaissant comme l’achèvement de l’évolution historique de l’organisation des sociétés. Pius Ondoua appelle cela la thèse de l’idéologie dominante, une thèse qu’il s’emploie donc ici à démonter en montrant en quoi elle passe sous silence les contradictions internes de toute démocratie et fait peu de cas des identités particulières et du pluralisme culturel.

         Il est important de souligner la place centrale que Pius Ondoua donne à la notion de valeur dans ce travail ; une centralité résumée dans la conclusion de son Avant-Propos quand il se demande « quelle existence pourrait être dite réussie sans arrimage aux valeurs, sans que l’homme soit ni reconnu, ni réalisé pour ce qu’il est, à savoir une valeur » ?

         Le pluralisme des identités culturelles est-il de nature à remettre en cause des principes tels celui d’universalité sur la base duquel  la démocratie libérale se trouve prônée tous azimuts ? En donnant à l’ Entretien N° 1 le titre de «  démocratie plurielle », Pius Ondoua annonce la réponse qu’il s’apprête à proposer à cette préoccupation d’universalité. Un rapide parcours de l’histoire de la philosophie, de Platon à Habermas en passant par Rousseau, Hobbes, Karl Marx, lui permet de rappeler que divers philosophes n’ont accordé à la démocratie que le modeste statut de « moins mauvais » des systèmes de gouvernement et jamais celui de système idéal.

         La centralité de la place de l’homme comme une valeur devant s’accomplir et s’épanouir en toutes ses facultés et aptitudes étant le fond du problème, la forme que doit prendre la mise en œuvre d’un tel programme de réalisation devrait-elle usurper la place de ce qui constitue l’essentiel et se transformer elle-même en valeur absolue ?Autrement dit, si la démocratie doit se mettre au service de l’épanouissement de l’homme dans une société ou dans un monde préoccupés de justice, le plus important ne résiderait-il pas dans l’effectuation de cette justice, que ce soit par la voie du système démocratique ou non ? Pius Ondoua prévient : «  Pour dire encore quelques mots sur la démocratie comme défi pour les sociétés, on pourrait relever l’urgence permanente consistant à éviter que la majorité ne devienne dictatoriale, tyrannique, vis-à-vis de l’individu comme vis-à-vis de la minorité ».Et l’auteur de faire intervenir avec raison John Rawls qui, dans son livre « Théorie de la Justice » souligne avec force que « La justice est la première vertu des institutions sociales, comme la vérité est celle des systèmes de pensée. Si élégante et économique que soit une théorie, elle doit être rejetée ou révisée si elle n’est pas vraie ; de même, si efficaces et bien organisées que soient des institutions et des lois, elles doivent être reformées ou abolies, si elles sont injustes ». Et, ce faisant,  John Rawls lui-même replace dans les esprits ce qui a été la principale préoccupation de Platon, à savoir bâtir une cité juste, une cité au sein de laquelle règne la justice. Il y a lieu de se demander pourquoi aujourd’hui l’accent est davantage mis sur l’idée et la pratique  de la démocratie au lieu de l’être sur l’idéal et la pratique de la justice ! Peut-être parce que le démocratisme offre une possibilité de démagogie et qu’il est plus difficile sinon impossible de jouer à être juste tout en se moquant de la justice, comme les démagogues se le permettent à l’égard de la démocratie ! Comme l’écrit encore Pius Ondoua, la « primauté de la justice renvoie, pour les institutions, à la distribution des devoirs et des droits et implique que la justice doive être conçue sur un plan double : social et juridique. Ce qui implique aussi, en se référant à Rawls : égale liberté, respect malgré tout des différences et de l’égalité des chances, fraternité, équité, éthique/moralité, pour que la communauté sociale soit possible ».

         Il y a lieu d’être reconnaissant à Pius Ondoua de s’être préoccupé de la question des valeurs dans un environnement mondial caractérisé par un total « déboussolement » à cet égard. Nous faisons partie de ceux qui n’encouragent pas la philosophie à se laisser aller à subir cet effet de mode consistant à faire droit à de pseudo-valeurs au seul prétexte de respecter et de faire droit à ce qui n’est souvent qu’une caricature de la liberté.


Ebénézer NJOH MOUELLE
www.njohmouelle.org

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