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Préfaces:Ouvrages

LA REPRESE NTATION POLITIQUE  ESSAI SUR LA    DEMOCRATIE  REPRESENTATIVE AU CAMEROUN

        Lorsque  Bernard MESSENGUE AVOM m’a sollicité pour rédiger la préface du livre qu’il commet et dont le titre est ’ La Représentation politique : Essai sur la démocratie représentative au Cameroun, j’ai immédiatement souscrit à ce projet. D’abord parce que j’estime devoir encourager des personnalités ayant eu le privilège d’assumer de hautes fonctions publiques à publier des écrits, dans le but d’éclairer et d’édifier les générations futures par des contributions s pertinentes et utiles à la connaissance de l’histoire de leur pays. En second lieu, le titre de l’ouvrage ne pouvait pas laisser indifférent le ‘’député de la nation ‘’que j’ai été pendant la législature 1997-2002.
Le voyage intellectuel à travers l’Essai de Bernard MESSENGUE AVOM sur la représentation politique conduit le lecteur sur l’itinéraire historique de l’introduction de cette pratique dans l’univers institutionnel de notre pays. De la représentation du ‘’Territoire du Cameroun’’ à l’Assemblée Nationale Française par des « indigènes civilisés », en passant par l’ATCAM ( Assemblée territoriale du Cameroun), l’ARCAM ( Assemblée représentative du Cameroun) et enfin l’ALCAM ( Assemblée législative du Cameroun), l’institution porte fière allure aujourd’hui et témoigne bel et bien du fait que l’Histoire humaine est la résultante d’une sédimentation successive et circonstanciée des produits de luttes et de contre-luttes autour des intérêts inévitablement contradictoires.
Est Intéressante aussi l’analyse que l’auteur fait de ce qu’il considère comme une dérive dans le rôle et la fonction de député au Cameroun. Pour échapper à la dépersonnalisation induite par un parlementarisme rationalisé et renforcé par l’observance de la discipline du parti, explique-t-il, le député cherche à survivre par la politique de présence sur le terrain, à travers les nombreux dons qu’il s’impose de distribuer aux électeurs actifs et potentiels. Cette assistance assidue de l’électeur pendant l’accomplissement du mandat, vient créer une sorte de politique d’empathie qui renvoie aux calendes grecques les préoccupations de programmes et de projets de société à défendre. A côté de cela et sur un plan fondamental débordant le cadre du seul Cameroun, Bernard MESSENGUE AVOM soulève la question du devenir du ‘’bien commun’’. A l’expérience, estime-t-il avec raison, la démocratie représentative se révèle être essentiellement conflictuelle au point tel que le « bien commun » que Léon DUGUIT qualifiait de « droite raison » risque fort de recevoir chaque fois un contenu circonstancié au gré de la succession des majorités. Ce phénomène est visible à travers la crise des identités apparue depuis quelques décennies, entre les représentants et les représentés, le pays réel et le pays représenté, cause d’une relative désaffection des populations à l’égard de la politique en général et des élections en particulier. Il écrit en effet à ce sujet : « L’écart est en effet devenu trop grand entre un mouvement de dissémination et de fragmentation accrue de l’expression sociale et les catégories de l’espace électoral représentatif ».
Mais Bernard MESSENGUE AVOM n’abandonne pas le lecteur au milieu des apories ; il propose une solution qu’il désigne lui-même comme un antidote. C’est ce qu’il appelle « la démocratie permanente », à savoir celle qui sort du cycle élection-mandat pour s’inscrire dans une interaction constante entre le pouvoir et les différentes forces sociales qu’on regroupe de nos jours sous le vocable de « société civile ». Traitant de cette interaction, il précise : « Elle consiste essentiellement dans les réponses aux pratiques de surveillance, de protestation et de jugement au travers desquelles la société fait pression sur les pouvoirs publics et les appelle à corriger leurs décisions, à régler les situations. » Il s’agit, pense l’auteur, de sortir la démocratie des jeux et des enjeux partisans pour replacer en son centre le triple souci de liberté, d’égalité et de justice. Surtout de justice, ajouterais-je !

Mais quand Bernard MESSENGUE AVOM veut associer la société civile aux partis politiques, se rend-il compte qu’il s’agit d’une réalité magmatique qui, pour s’exprimer, devrait emprunter la bouche d’une multitude d’ONG et autres associations de défense des consommateurs, de défenses des intérêts religieux, de défense des intérêts communautaires et économiques, etc. ? A-t-on, de par le monde suffisamment essayé de faire fonctionner le scrutin proportionnel habité du même souci de justice, de liberté et d’égalité ?  Le livre de Bernard MESSENGUE AVOM mérite d’être lu et débattu sous divers rapports, y compris celui des évocations historiques

 

                                                        E. NJOH-MOUELLE
                                                        Yaoundé, Mai 2017

 

 

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