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INTERVIEWS POLITIQUES

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NINTERVIEW  DONNE AU JOURNAL BAROMETRE COMMUNAUTAIRE EDITION DU JEUDI 08 DECEMBRE 2016 N°057 A L'OCCASION DES EVENEMENTS DE NOVEMBRE 2016 A BAMENDA

1-Que vous inspirent les événements récents de  Bamenda ?
NJOH MOUELLE : Nous sommes en démocratie ; et c’est  dans ce cadre qu’il nous faut intégrer ce qui s’est passé récemment à Bamenda. C’est depuis la fin des années 1980 et le début des années 1990 qu’au Cameroun, on n’a plus besoin d’aller se cacher  dans un quelconque maquis pour exprimer ses opinions, y compris ses mécontentements. Beaucoup a été dit et écrit à ce sujet : Exprimer ses opinions c’est « débattre et non se battre ». Cela étant rappelé, il faut ajouter que si les premières revendications étaient compréhensibles, celles qui sont venues se greffer aux premières semblaient sortir des tiroirs de la mémoire et de l’Histoire, et paraissaient plutôt opportunistes.
 Quoi de plus normal que les avocats demandent à disposer de la version anglaise du Traité de l’OHADA ? Mais en même temps quoi de plus surprenant d’entendre dénoncer la présence des enseignants francophones dans la zone anglophone ?
2-Vous avez récemment préfacé l’ouvrage de l’historien Daniel Abwa intitulé «  NI ANGLOPHONES, NI FRANCOPHONES AU CAMEROUN : TOUS DES CAMEROUNAIS !! Selon vous, est-il erroné de se définir exclusivement en Anglophones et en Francophones aujourd’hui au Cameroun ?
NJOH MOUELLE : Oui, j’ai été heureux du choix porté sur moi par le professeur Daniel Abwa, pour être le préfacier de cet ouvrage qui traite d’un sujet  qui occupe une place importante dans le cœur des Camerounais ! L’anglophonie et la francophonie, le fait de parler anglais, comme le fait de parler français ne définissent pas de nouvelles ethnies au Cameroun. C’est une évidence ! Daniel Abwa dans ce livre, s’élève avec raison contre les définitions données par certains intellectuels originaires du Nord-ouest comme du Sud-ouest, et selon lesquelles l’anglophone serait celui qui, même sans parler la langue anglaise, serait né dans l’une des deux provinces de l’ancien Cameroun Occidental. Voilà une bien curieuse transformation de la réalité du bilinguisme camerounais : ce ne serait plus la langue, mais le territoire dans lequel on est né ! Comme si, et Daniel Abwa le relève pertinemment dans son livre, le Bakweri et le Nso étaient devenus des parents, ou qu’ils n’existaient pas avant 1916, point de départ de la partition du Cameroun allemand en Cameroun sous administration française et en Cameroun sous administration anglaise ! C’est vous dire qu’on n’a pas besoin de se le faire expliquer, « anglophones » et « francophones » ne sont pas de nouvelles ethnies créées par la colonisation au Cameroun. 
3-D’aucuns continuent de considérer que la Conférence de Foumban ( 17-21 juillet 1961)  est la source des problèmes qui sécouent l’Etat du Cameroun aujourd’hui. Quelle appréciation apportez-vous sur le rôle joué par John Ngu Foncha au cours de cette Conférence ?
NJOH MOUELLE : J’ai déjà eu à  me référer à la parole de l’homme d’Église français du 17è siècle, Jacques Bénigne Bossuet selon lequel « Dieu choisit sur Terre des hommes pour accomplir ses desseins ». Et je considère John Ngu Foncha comme ayant été choisi par Dieu pour jouer le rôle qu’il a joué en faveur de la mise en œuvre de la première étape de la réunification du Cameroun. Je ne suis pas un fataliste, loin de là, mais l’amour du Cameroun devrait nous pousser tous à ne pas regretter ce qui s’est passé à Foumban en 1961 et qui a préparé tout ce qui a été le chemin de la reconstitution partielle du « Gross Kamerun » des Allemands. Je dis partielle parce que comme chacun le sait, les colonisateurs se sont arrangés de continuer à partager encore notre pays entre la France et la Grande Bretagne, pendant le référendum du 11 février 1961 qui a fait détacher la partie Nord pour l’annexer au Nigeria et garder la partie sud, avec son Mont Cameroun, au Cameroun. Plus personne ne remet en cause aujourd’hui le départ au Nigeria du Nord-Cameroun anglophone et sous administration britannique. C’est l’Histoire. Nous ne pouvons pas refaire le référendum de 1961, tout comme nous ne pouvons pas refaire la Conférence de Foumban de 1961, la même année que le référendum ayant divisé en deux l’ex-Cameroun sous administration britannique. Il faut que les Camerounais s’acceptent comme l’Histoire l’a voulu et cultivent une réelle intégration nationale au lieu de continuer de cultiver les différences issues de la colonisation.
4-Comment le philosophe et l’homme politique que vous êtes conçoit-il le vivre-ensemble au Cameroun ?
NJOH MOUELLE : Merci pour cette dernière question qui me permet de poursuivre la réflexion par laquelle j’ai terminé la réponse précédente, à savoir l’intégration nationale. J’ai été heureux d’entendre beaucoup de Camerounais ces derniers jours se réjouir, comme je le fais moi-même, de voir de nombreux parents francophones décider librement d’inscrire leurs enfants dans des écoles de la zone anglophone à Bamenda comme à Buea. La même chose se produit dans les grandes villes elles-mêmes, Yaoundé, Douala , Bafoussam, où on voit beaucoup d’enfants nés de parents francophones, mais fréquentant des établissements conduisant à la préparation du GCE. C’est la voie à suivre. Quand d’aventure, il s’agit d’établissements avec internat, imaginez ce que cela produira d’ici quelques décennies encore, en termes de brassage et d’union des cœurs, à travers des amitiés solides nouées pendant cette vie d’internat. Ce que je dis concernant cette question d’anglophones et de francophones, je le redis concernant le mixage ethnico-tribal qui demande aussi à être encouragé et même cultivé. Un jour il faudra bien que tout le monde se sentant d’abord Camerounais avant de se sentir Nso, Bakweri, Bamiléké, Boulou, Eton,  Bassa ou Douala, on mesure le caractère dérisoire des querelles d’aujourd’hui entre anglophones et francophones !

 

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